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Résistance à la « taxe Microsoft » face à la fin de Windows 10

Un exemple des plus concrets de l'obsolescence programmée et de l'enfermement propriétaire

En bref

  • Windows 10 cesse d’être mis à jour gratuitement le 14 octobre 2025.
  • Payer des mises à jour étendues ou racheter du matériel est perçu par plusieurs comme une « taxe Microsoft ».
  • Des organisations ont lancé une mobilisation pour exiger des mises à jour gratuites et éviter un immense gaspillage matériel.
  • Au Québec et au Canada, Linux est une alternative crédible pour la majorité des PME si la transition est bien accompagnée.

Pourquoi ça coince

  • Coût récurrent pour rester sécurisé sur Windows 10 ou obligation d’acheter des PC compatibles Windows 11.
  • Risque de déchets électroniques et d’empreinte carbone si on remplace des machines encore fonctionnelles.
  • Dépendance stratégique envers un fournisseur unique.

Linux pour les PME

  • Zéro licence à payer et mises à jour gratuites.
  • Redonne une seconde vie aux ordinateurs moins récents.
  • Couvre la bureautique, le web, la messagerie et beaucoup d’applications métier courantes.
  • Possible de garder 1 ou 2 applis Windows critiques via virtualisation ou solution web, en attendant une alternative.

Le facteur décisif

  • La formation et l’accompagnement font toute la différence. Sans pédagogie ni soutien, les équipes risquent de se démotiver. Avec un plan de formation simple et une assistance réactive, l’adoption se passe bien.

Plan d’action rapide pour une PME

  1. Auditer les usages et repérer les applis réellement indispensables.
  2. Piloter la migration sur 5 à 10 postes volontaires.
  3. Former les utilisateurs aux équivalents majeurs (LibreOffice, navigateur, courriel).
  4. Prévoir du support de proximité les premières semaines.
  5. Étendre progressivement, garder des solutions de contournement pour les rares applis Windows.

Ressources locales

  • Québec: organismes et entreprises du libre, entraide communautaire, guides pratiques pour installer Linux et prolonger la vie des PC.
  • Bénéfices combinés: économies, longévité du matériel, souveraineté numérique, réduction de l’empreinte environnementale.


La situation en bref 

Le système d’exploitation Windows 10 arrive au terme de son cycle de vie le 14 octobre 2025, date à laquelle Microsoft cessera de fournir des mises à jour de sécurité gratuitesquechoisir.org. Cela signifie que des millions d’ordinateurs – jusqu’à 400 millions de PC dans le monde selon certaines estimations – se retrouveront privés de support logicielquechoisir.org. Pour de nombreux utilisateurs, particuliers comme entreprises, cette situation crée un dilemme : soit payer pour prolonger artificiellement la durée de vie de Windows 10, soit acheter un nouvel ordinateur compatible avec Windows 11quechoisir.org. Aucune de ces options n’est idéale, surtout pour ceux dont le matériel est encore en bon état. Cette dépense forcée est souvent qualifiée de « taxe Microsoft » ou « taxe Windows », en référence au coût supplémentaire imposé simplement pour continuer à utiliser son appareil en toute sécurité. En effet, Microsoft propose bien un programme de mises à jour étendues, mais payant : environ 30 $ US (40 $ CAN) par an et par appareil pour les particuliers, et davantage pour les organisations (61 $ US la première année, tarif doublant chaque année suivante)protegez-vous.ca. Cette somme, vue comme un « impôt technologique », s’ajoute aux coûts déjà assumés lors de l’achat initial de l’ordinateur, ce que de nombreux usagers jugent injustifié.

Du point de vue des utilisateurs, l’arrêt du support de Windows 10 s’apparente à une forme d’obsolescence programmée. Bien que les PC concernés fonctionnent toujours parfaitement sur le plan matériel, ils deviennent vulnérables en l’absence de mises à jour, poussant ainsi leurs propriétaires vers la caisse. Ceux qui refusent de payer cette taxe ou d’investir dans un nouvel appareil subissent la double peine : continuer avec un système non sécurisé, au risque d’exposer leurs données à des failles et cyberattaquesquechoisir.org. Cette situation est d’autant plus préoccupante que, dans certains pays comme la France, on estime qu’environ 17 % de la population est déjà freinée dans son accès au numérique faute d’équipement adéquat ou à jourquechoisir.org. Pour les ménages modestes et les petites organisations, l’arrêt de Windows 10 sans solution pérenne se traduit donc par un fardeau financier ou une exclusion numérique aggravée. Globalement, la facture pourrait atteindre plus de 10 milliards d’euros en coûts additionnels si les utilisateurs de PC incompatibles avec Windows 11 devaient payer pour des mises à jour prolongéesquechoisir.org – autant d’argent qui viendrait gonfler les bénéfices déjà colossaux de Microsoftquechoisir.org. C’est dans ce contexte explosif que se sont multipliées les voix appelant à résister à cette taxe Microsoft. Comme l’écrivait dès 2012 un architecte logiciel québécois : « Tôt ou tard, il va falloir se résoudre à se débarrasser de la taxe Microsoft et de son monopole »blogs.gplindustries.org. En 2025, à la veille de la fin de Windows 10, cet appel résonne plus que jamais.

« Non à la taxe Windows » : la mobilisation contre l’obsolescence forcée

Illustration – Visuel de la campagne « Non à la taxe Windows » lancée en septembre 2025. Une coalition internationale de 22 organisations (associations de consommateurs, environnementales, etc.) exhorte Microsoft à maintenir les mises à jour gratuites de Windows 10 au-delà de 2025quechoisir.org. Ce mouvement dénonce une forme de « racket » des usagers via l’arrêt du support, assimilé à une taxe injustifiée pour prolonger la vie des PCquechoisir.org.

Face à cette situation, un véritable mouvement de contestation a vu le jour à l’automne 2025. Le 16 septembre 2025, une coalition de 22 organisations a lancé une pétition internationale intitulée « Non à la taxe Windows », interpellant directement Microsoftquechoisir.org. Parmi les signataires figurent des groupes variés : l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, l’ONG Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP), des organisations environnementales (Les Amis de la Terre, France Nature Environnement), des acteurs de l’inclusion numérique (Emmaüs Connect), etc.vert.eco. Tous dénoncent la décision « unilatérale et injuste » de mettre fin aux mises à jour gratuites de Windows 10, une décision qui impactera des centaines de millions d’ordinateurs à travers le mondequechoisir.org. Leur message est clair : Microsoft ne peut exiger des usagers qu’ils paient un sursis ou rachètent un PC neuf pour rester en sécuritéquechoisir.org. Cette « pression honteuse » sur le portefeuille des ménages et des administrations est jugée inacceptablequechoisir.org. La coalition appelle donc l’éditeur à revenir sur sa décision et à prolonger gratuitement les mises à jour de sécurité de Windows 10 « au moins jusqu’en 2030 »quechoisir.org.

Les arguments avancés dans cette pétition touchent à la fois au porte-monnaie des usagers, à la justice sociale et à l’écologie. Sur le plan financier et social, le texte souligne que faute de compatibilité de nombreux PC avec Windows 11, des millions de particuliers, d’administrations publiques et de PME seront « obligés de payer pour obtenir un sursis ou de renouveler leurs appareils », alors même que beaucoup de ces ordinateurs n’ont que quelques années d’usagequechoisir.orgquechoisir.org. Pour la coalition, faire reposer sur les consommateurs le coût de cette transition forcée s’apparente à une taxe injustifiée qui pèse d’autant plus lourdement sur les budgets restreintsquechoisir.org. Elle stigmatise « cette pression honteuse [qui] pèse sur les budgets des administrations et sur le porte-monnaie des ménages »quechoisir.org, alors même que ceux qui ne peuvent pas payer s’exposent à des risques informatiques majeurs – un choix cornélien jugé inadmissible.

En parallèle, le mouvement « Non à la taxe Windows » insiste sur le gâchis environnemental qu’entraînerait la mise au rebut anticipée de millions d’appareils fonctionnels. Microsoft, par ses messages répétés incitant les utilisateurs de Windows 10 à « acheter un nouvel ordinateur », encourage une vague de renouvellement matériel prématuréquechoisir.org. Selon la coalition, remplacer tous les PC qui ne pourront pas migrer vers Windows 11 représenterait un véritable désastre écologique : cela équivaudrait à extraire une quantité de matières premières « du poids de près de 32 000 tours Eiffel »quechoisir.org, pour un impact carbone estimé à plus de 70 millions de tonnes de CO₂vert.eco. Une telle surconsommation de ressources, motivée non par la panne des machines mais par une obsolescence logicielle imposée, est qualifiée de « scandale environnemental » par les auteurs de la pétitionvert.eco. Rappelons que la fabrication d’un ordinateur neuf concentre l’essentiel de son empreinte écologique (plus de 75 % des émissions sur tout son cycle de vie) ; prolonger la durée d’usage des équipements existants est donc l’un des meilleurs moyens de réduire les déchets électroniques et les émissions associéesendof10.org. Forcer des remplacements massifs va à l’encontre de cet impératif écologique.

Enfin, la coalition ne se contente pas de critiquer : elle formule des exigences concrètes et des pistes de solution. Outre le maintien des mises à jour de Windows 10 jusqu’en 2030, elle demande une évolution législative pour encadrer ce type de pratiquesquechoisir.org. Les organisations plaident pour qu’à l’avenir, les éditeurs soient tenus d’assurer gratuitement les mises à jour de sécurité pendant au moins 15 ans après la sortie d’un logicielquechoisir.org. Une telle mesure donnerait aux appareils une longévité logicielle raisonnable, en phase avec leur durée de vie matérielle potentielle. De plus, la coalition propose d’instaurer une obligation d’informer les utilisateurs sur les alternatives libres lors de l’arrêt d’un système d’exploitationquechoisir.org. Autrement dit, lorsque le support d’un OS propriétaire prend fin, les usagers devraient être sensibilisés à l’option d’installer un système d’exploitation libre (comme Linux) au lieu de jeter ou remplacer leur machine. Cette dernière proposition montre bien l’ouverture du mouvement vers les solutions alternatives existantes, et rejoint l’idée qu’avec un peu de connaissance et d’accompagnement, on peut « rendre un ordinateur actuel rapide et sécurisé à nouveau » en y installant un système GNU/Linux à jour plutôt que de le jeterendof10.orgendof10.org.

Il est intéressant de noter que la pression exercée par les consommateurs a déjà eu quelques effets par le passé. Devant l’inquiétude générale, Microsoft a partiellement revu sa position en fin 2023 : initialement, la fin du support de Windows 10 en 2025 devait être totale, mais l’éditeur a finalement annoncé un programme prolongé de correctifs (Extended Security Updates) pour quelques années supplémentaires – malheureusement sous forme payante – à la suite d’une pétition et de critiques relayées par des groupes de défense des consommateursvert.eco. Pour la coalition « Non à la taxe Windows », cette concession est insuffisante et ne fait que traduire la volonté de l’entreprise de monétiser davantage son parc installé. D’où l’importance, selon elle, d’un sursaut collectif pour exiger un changement de modèle.

Un enjeu semblable au Québec et au Canada

Si la fronde contre la taxe Microsoft a pris une ampleur particulière en Europe, le Canada et le Québec ne sont pas en reste face à ce défi. Ici aussi, de très nombreux particuliers et organisations utilisent encore Windows 10 en 2025 – parfois sur des ordinateurs relativement récents – et se retrouvent confrontés aux mêmes choix difficiles. D’après les données de StatCounter, Windows 10 représente encore près de 45 % des ordinateurs Windows dans le monde à la mi-2025, contre 49 % pour Windows 11gs.statcounter.com.

On peut en déduire qu’une part significative du parc informatique nord-américain fonctionne toujours sous Windows 10. Au Canada, beaucoup de petites entreprises, d’écoles ou de foyers ont des PC achetés dans les années 2010 qui, bien qu’en bon état de marche, n’atteignent pas les exigences matérielles rehaussées de Windows 11 (par exemple la présence d’une puce TPM 2.0 et d’un processeur de dernière génération). Ces machines risquent donc de se retrouver « obsolètes même si elles fonctionnent encore très bien », comme le note l’organisme Insertech à Montréalinsertech.ca.

Insertech, une entreprise d’économie sociale spécialisée dans le reconditionnement d’ordinateurs, a tiré la sonnette d’alarme dès 2022 sur le « gâchis énorme » à prévoir avec la fin de Windows 10insertech.ca. Dans un billet de blogue intitulé « vers un gâchis environnemental ? », Insertech explique que de nombreux PC récents ne pourront pas migrer vers Windows 11 du fait des exigences techniques accrues et se retrouveront « sur le carreau » injustementinsertech.cainsertech.ca. L’organisme parle d’un « cas flagrant d’obsolescence [...] car le côté matériel continue de fonctionner »insertech.ca. Il souligne également que cette situation va compliquer la vie de tous ceux qui œuvrent pour prolonger la durée de vie des équipements informatiques. Sur le plan environnemental, Insertech rejoint le constat européen : remplacer des centaines de millions de PC aura des conséquences désastreuses en termes de déchets électroniques et de pollution, sans parler du gaspillage de ressources non renouvelablesinsertech.ca. « Malheureusement, ça complique les choses pour tous les gens de bonne volonté qui veulent prolonger la durée de vie des appareils », écrit Insertech, en notant que les fabricants de matériel, eux, « ne vont pas se plaindre » de vendre des machines neuves pour remplacer les anciennesinsertech.ca. Le billet pointe même du doigt les alliances industrielles entre Microsoft et les constructeurs : « Microsoft a des partenariats avec les fabricants d’ordinateurs et de puces... Windows ne pourrait pas être diffusé sans les machines des fabricants. Alors il faut vendre du matériel. Et quand quelqu’un essaie d’étirer la durée de vie de son ordinateur, ils perdent une vente potentielle »insertech.ca. Ces propos font écho à l’idée d’une motivation avant tout commerciale derrière l’arrêt de Windows 10, au détriment de la durabilité et des consommateurs.

Bien qu’aucune pétition d’envergure nationale ne semble avoir été lancée au Canada, les conseils aux usagers et PME vont dans le même sens qu’en Europe. Les experts encouragent à éviter le piège de la taxe Microsoft en explorant les solutions alternatives. Par exemple, le magazine québécois Protégez-Vous – équivalent de UFC-Que Choisir en matière de consommation – recommande aux personnes dont le PC n’est pas compatible Windows 11 de considérer tout simplement l’abandon de Windows au profit d’un autre système. « Vous pouvez également délaisser Windows et vous tourner vers Linux, un système d’exploitation alternatif populaire, gratuit, et plus léger que Windows », conseille Protégez-Vous dans un article de juillet 2025protegez-vous.ca. Ce conseil, émanant d’une source grand public crédible, illustre que l’idée d’utiliser Linux en remplacement de Windows commence à se normaliser dans le discours public au Québec. De même, des initiatives communautaires se mettent en place pour accompagner la transition. Le site collaboratif EndOf10.org, soutenu par diverses organisations du libre, recense des bénévoles et des ressources au Québec (et ailleurs) pour aider les gens à installer Linux et à garder en vie leur ordinateur après Windows 10endof10.orgendof10.org. Autrement dit, la résistance à la taxe Microsoft prend ici la forme d’un mouvement d’entraide pour prolonger la durée de vie du matériel grâce aux logiciels libres.

Enfin, le Québec bénéficie d’un tissu associatif actif en faveur des logiciels libres. L’Association québécoise du logiciel libre (AQLL), par exemple, milite depuis des années pour promouvoir l’adoption du logiciel libre dans les gouvernements et les entreprises de toutes taillesaqll.quebec. Par des actions de lobbying et de sensibilisation, l’AQLL encourage des politiques qui réduiraient la dépendance aux solutions propriétaires et ouvriraient la voie à des alternatives comme Linux. L’existence même de cette association témoigne d’une prise de conscience locale : il est stratégiquement avantageux pour le Québec de diversifier ses outils numériques et de ne plus verser systématiquement ce « droit de licence » à des multinationales externes. L’AQLL offre d’ailleurs des services d’accompagnement à la transition vers le libreaqll.quebec, ce qui rejoint concrètement les besoins des PME ou organismes publics souhaitant migrer hors de l’écosystème Microsoft. Cet accompagnement inclut généralement du soutien technique, du conseil et de la formation des utilisateurs, autant d’éléments clés pour réussir un tel changement (nous y reviendrons). En somme, au Québec comme ailleurs, la fin de Windows 10 est un catalyseur pour repenser nos pratiques : plutôt que de subir une « taxe Microsoft » de plus, pourquoi ne pas profiter de l’occasion pour adopter des solutions durables et économes, soutenues par une communauté locale dynamique ?

Linux : une alternative viable pour les PME

Pour de nombreuses petites et moyennes entreprises, la meilleure manière d’échapper à la taxe Microsoft consiste à embrasser l’alternative Linux. Linux n’est pas un produit nouveau : c’est un système d’exploitation libre et gratuit qui existe depuis plus de trente ans et fait tourner aujourd’hui l’écrasante majorité des serveurs internet, des supercalculateurs et même des appareils Android.

Sur poste de travail (ordinateur de bureau ou portable), Linux a longtemps été perçu comme un système réservé aux initiés, mais ce n’est plus le cas. Des distributions conviviales comme Ubuntu ou Linux Mint offrent une expérience utilisateur similaire à Windows ou macOS sur de nombreux aspectsinsertech.ca. L’installation de Linux est devenue simple et à la portée de tous ; en outre, une multitude de communautés et d’entreprises proposent de l’aide pour franchir le pas, que ce soit via des forums en ligne, des ateliers locaux ou des services professionnels d’assistanceendof10.org.

Adopter Linux présente plusieurs avantages concrets pour les PME. D’abord, le coût : le système est téléchargeable gratuitement et peut être installé sur un nombre illimité de machines sans aucune licence à acheter. Les mises à jour de sécurité et les nouvelles versions sont également gratuites, et ce à vie – il n’y a pas d’abonnement caché ni d’échéance programmée au-delà de laquelle il faudrait passer à la caisseendof10.org. Pour une entreprise, cela signifie des économies directes sur les coûts de logiciels. À titre d’exemple, la ville de Munich en Allemagne, qui a migré environ 15 000 postes de Windows vers Linux, a estimé avoir économisé plus de 10 millions d’euros en licences non payées sur la durée du projet, tout en favorisant l’économie locale du logiciel libreopensource.com. Certes, il a fallu investir dans la migration et la formation du personnel, mais au final la municipalité a gagné en indépendance et en maîtrise de son infrastructure informatiqueopensource.comopensource.com. Ce retour d’expérience illustre qu’une stratégie open source bien menée peut être économiquement avantageuse sur le long terme, y compris pour une grande organisation – et a fortiori pour des PME qui, elles, cherchent souvent à optimiser chaque dépense informatique.

Ensuite, il y a la question de la durabilité du matériel. Linux est généralement moins exigeant en ressources que les dernières versions de Windows. Un ordinateur un peu ancien, poussif sous Windows 10, peut retrouver une seconde jeunesse une fois réinstallé avec Linuxinsertech.ca. De nombreuses PME disposent de PC datant de 5, 6 ou 7 ans : au lieu de les remplacer pour satisfaire aux exigences de Windows 11, il est souvent possible de les garder en service sous Linux avec d’excellentes performances. Cette prolongation de la durée de vie s’inscrit dans une démarche écologique vertueuse (« bon pour la planète » souligne la campagne EndOf10endof10.org), mais aussi dans une logique économique : chaque ordinateur réutilisé plutôt que remplacé, c’est un investissement de moins. Sans compter qu’en cas d’expansion, une PME peut recycler ses propres machines ou acquérir du matériel usagé à bas coût et y installer Linux sans frais de licence, ce qui réduit significativement les coûts d’équipement initial.

En termes de fonctionnalités et d’usages quotidiens, Linux peut désormais couvrir l’essentiel des besoins d’une petite ou moyenne entreprise. Pour la bureautique, des suites gratuites comme LibreOffice ou OnlyOffice permettent de lire, éditer et enregistrer des documents dans des formats compatibles avec Microsoft Office (Word, Excel, PowerPoint). La navigation web se fait via Firefox, Chrome/Chromium ou d’autres navigateurs bien connus, également disponibles sous Linux. La messagerie et les communications professionnelles sont assurées par des logiciels tels que Thunderbird, Evolution, ou des solutions en ligne (beaucoup d’applications métier étant maintenant accessibles via un simple navigateur). Pour les applications plus spécialisées (comptabilité, gestion commerciale, design, etc.), il existe souvent des alternatives libres ou des versions web multiplateformes. Il est vrai que certaines applications métier propriétaires n’ont pas d’équivalent Linux natif, ce qui peut être un frein pour certaines PME très dépendantes d’un logiciel Windows précis. Toutefois, on constate que de plus en plus d’éditeurs proposent des solutions cloud ou multiplateformes, et la tendance générale va vers une compatibilité accrue. Dans bien des cas, les PME peuvent opter pour des outils alternatifs satisfaisants ou recourir, en dernier ressort, à la virtualisation/émulation pour continuer à faire tourner une application Windows isolée tout en basculant le reste de l’environnement sous Linux.

Un autre atout, moins tangible mais important, est la maîtrise de son infrastructure. En s’affranchissant du cycle imposé des mises à jour Windows, une entreprise sous Linux gagne en autonomie. Elle n’est plus contrainte de suivre les calendriers de fin de support fixés par Microsoft ni d’acheter du nouveau matériel dicté par les éditeurs de logiciels. Elle peut planifier ses migrations logicielles à son propre rythme, bénéficier de mises à jour régulières sans coûts additionnels, et même personnaliser ou faire adapter les outils à ses besoins spécifiques (grâce au code source ouvert). Cette indépendance accrue renforce la souveraineté numérique des organisations et peut même stimuler l’économie locale : au lieu d’envoyer chaque année des chèques de licence à Microsoft, une PME peut choisir d’investir dans du support technique local, de la formation ou du développement sur mesure, faisant ainsi travailler des prestataires de sa région. On retrouve ici l’esprit de l’initiative de Munich, où les élus avaient fait le pari qu’en migrant vers Linux, l’argent autrefois dépensé en licences propriétaires servirait à rémunérer des entreprises locales capables de soutenir le parc Linux de la villeopensource.com. Pour un pays comme le Canada ou une province comme le Québec, encourager l’adoption de solutions libres dans les PME pourrait de même faboriser l’écosystème local des TI, en réduisant la fuite de capitaux vers les géants étrangers du logiciel.

Naturellement, tout n’est pas rose et migrer vers Linux demande une réflexion et une préparation. Mais de plus en plus de ressources sont disponibles pour faciliter cette transition. Des guides et outils simplifiés existent pour, par exemple, passer de Windows 10 à Linux Mint pas à pasyoutube.com. Des collectifs d’entraide (Repair Café, clubs Linux, forums) offrent soutien et conseils, souvent gratuitementendof10.org. Et si une entreprise préfère un accompagnement professionnel, il existe des fournisseurs de services spécialisés en logiciels libres (répertoriés notamment par l’AQLL au Québecaqll.quebec) qui peuvent prendre en charge l’installation, la maintenance et le support de postes Linux en entreprise. Bref, pour la plupart des PME dont les usages informatiques sont essentiellement la bureautique, la communication et la gestion courante, Linux constitue aujourd’hui une alternative tout à fait viable à Windows. En évitant la taxe Microsoft, ces entreprises peuvent rediriger leurs ressources vers ce qui compte vraiment – la formation de leur personnel, le développement de leur activité – tout en s’inscrivant dans une démarche d’innovation et de pérennité.

Formation et accompagnement : la clé d’une transition réussie

Si le scénario d’une PME passant sous Linux est prometteur sur le papier, sa réussite dépend largement de la dimension humaine du projet. Le changement de système d’exploitation bouleverse inévitablement les habitudes des utilisateurs : interface différente, nouveaux logiciels, repères modifiés… Sans un soutien adéquat, il est compréhensible que certains employés se sentent déstabilisés, voire démotivés par cette transition.

C’est pourquoi la formation et l’accompagnement sont absolument essentiels pour ne pas « perdre » les équipes en cours de route. Un adage bien connu en informatique rappelle que « la plus grande difficulté, ce n’est pas de migrer les machines, mais de migrer les utilisateurs ». En pratique, cela signifie qu’il faut investir du temps pour expliquer, rassurer et monter en compétence les personnes qui utiliseront Linux au quotidien.

Concrètement, avant et pendant la migration, il est recommandé d’organiser des sessions de formation pour présenter le nouvel environnement Linux, les équivalents des logiciels courants et les bonnes pratiques de base. Par exemple, montrer comment ouvrir ses documents dans LibreOffice au lieu de Microsoft Office, comment installer des applications via la logithèque Linux, ou encore comment effectuer les tâches quotidiennes (impression, connexion au réseau, etc.) sur le nouveau système. Ces formations peuvent être animées par le service informatique interne s’il a les compétences, ou par des formateurs externes spécialisés. L’important est d’adopter un discours pédagogique, accessible aux non-spécialistes, afin de dédramatiser le changement. Il faut rappeler aux équipes que leurs compétences de fond (rédiger un texte, gérer un tableur, envoyer des e-mails…) restent valables : seuls les outils changent, et il s’agit d’apprendre à s’en servir. Avec un peu de pratique, la plupart des utilisateurs s’adaptent très bien, d’autant que les environnements Linux modernes ont été pensés pour être intuitifs et proches de ce que les gens connaissent (il existe des distributions dont l’apparence rappelle Windows, justement pour faciliter la transition)insertech.ca.

Au-delà de la formation initiale, il convient de prévoir un accompagnement continu pendant les premières semaines ou mois suivant la migration. Cela peut prendre la forme d’une assistance technique réactive (un support téléphonique ou un technicien pouvant aider en cas de blocage), de guides pratiques ou FAQ internes, et d’une tolérance à ce que la productivité soit légèrement réduite au tout début. L’idée est de créer un climat où les employés se sentent soutenus et encouragés à apprivoiser le nouveau système, plutôt que livrés à eux-mêmes. Les responsables doivent rester à l’écoute des retours de terrain : si un aspect pose problème, il pourra être ajusté (par exemple installer un logiciel additionnel pour couvrir un besoin imprévu, ou modifier une configuration pour la rendre plus familière). En impliquant les utilisateurs finaux dans le processus (par des tests pilotes, des recueils de suggestions), on évite qu’ils se sentent dépossédés de leur outil de travail. Au contraire, ils deviennent acteurs du changement.

Plusieurs structures offrent des services ou conseils pour faciliter ce genre de transition. Comme mentionné, l’AQLL propose un accompagnement à la transition vers le libre, incluant possiblement des ateliers de formation utilisateur et des guides de dépannageaqll.quebec. Des sociétés de services locales peuvent également prendre en charge la formation de vos équipes sur Linux. Et la communauté du libre elle-même est souvent d’un grand secours : de nombreux bénévoles passionnés n’hésitent pas à partager leurs astuces et à aider les nouveaux venus, que ce soit sur des forums, lors de rencontres (install parties, etc.) ou via de la documentation en ligne. En somme, les ressources existent – il ne faut pas hésiter à les mobiliser.

Ignorer l’aspect formation serait une erreur stratégique majeure. Comme le remarquait un observateur, beaucoup de formations en informatique ont longtemps été “tout Windows”, au point que « peu de gens connaissent Linux suffisamment pour assurer une bonne migration »blogs.gplindustries.org. Si l’on ne comble pas ce manque de connaissances par de la formation, on risque de se heurter à des résistances internes fortes, voire à des échecs de déploiement. Un personnel non préparé pourrait se sentir frustré par des incompréhensions techniques, ce qui entamerait sa motivation et son adhésion au projet. À l’inverse, en misant sur la montée en compétence de vos employés, vous pouvez transformer un défi en opportunité : celle de développer de nouvelles expertises en interne, de valoriser l’adaptabilité de vos équipes et de stimuler leur intérêt pour des technologies ouvertes. Plusieurs entreprises ayant migré vers Linux témoignent qu’après un temps d’adaptation, leurs employés se sentent fiers d’utiliser un système plus personnalisé et de contribuer à une démarche éthique (liberté logicielle, réduction des déchets, etc.). Le tout est de bien gérer la période de transition pour convertir la potentielle démotivation initiale en un engouement collectif autour du changement.


Conclusion 

En conclusion, la fin programmée de Windows 10 a déclenché un vaste mouvement de remise en question de la dépendance aux solutions Microsoft. De la pétition « Non à la taxe Windows » au déploiement d’initiatives locales au Québec, l’idée fait son chemin qu’il est possible – et peut-être temps – de s’affranchir de la rente Microsoft. Les logiciels libres, avec Linux en fer de lance, offrent aujourd’hui une réponse crédible aux besoins de la majorité des usagers et des PME, sans les coûts récurrents ni les contraintes d’obsolescence imposées par les éditeurs privés.

Bien sûr, une migration vers Linux doit être menée sérieusement, en impliquant l’humain au cœur du processus. Mais les bénéfices potentiels en valent la peine : réduire ses dépenses, prolonger la durée de vie de son matériel, gagner en sécurité et en stabilité, et reprendre le contrôle de son outil informatique. À l’aube de 2026, le message envoyé aux entreprises comme aux particuliers est clair : on peut refuser la fatalité de la taxe Microsoft. Avec de la vision et de la formation, il est tout à fait possible d’embrasser des solutions alternatives qui rendent l’informatique plus libre, plus durable et plus respectueuse des utilisateursblogs.gplindustries.orgendof10.org. C’est un changement de paradigme qui s’annonce – non pas dicté par un fournisseur, mais choisi collectivement pour le bien commun.



Sources : Windows 10 EOL et coalition « Non à la taxe Windows »quechoisir.orgquechoisir.orgquechoisir.orgquechoisir.org; Article Vert sur la pétition (Poncet, 2025)vert.ecovert.ecovert.eco; Protégez-Vous (Passalacqua-Loli, 2025)protegez-vous.caprotegez-vous.ca; Blogue Insertech (2022)insertech.cainsertech.ca; Campagne EndOf10 « Fin de Windows 10 »endof10.orgendof10.org; AQLL (2025)aqll.quebecaqll.quebec; Commentaire GPLIndustries (2012)blogs.gplindustries.org; Étude de cas LiMux à Munichopensource.com

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