Se rendre au contenu

Synchronisation de fichiers en P2P : Syncthing, Resilio Sync et autres alternatives en entreprise


TL;DR

En bref

  • Le P2P synchronise des dossiers directement entre appareils, sans serveur central. Résultat: plus de contrôle, meilleures vitesses en LAN et moins de dépendance au cloud.
  • Deux acteurs pertinents pour un usage pro et perso: Syncthing (libre, gratuit) et Resilio Sync (propriétaire, version Pro payante).

Syncthing

  • Libre, auditable, sans frais. Très bon pour la souveraineté et la confidentialité.
  • Chiffrement de bout en bout, appairage strict par appareils, serveurs de découverte et relais remplaçables par vos propres services.
  • Solide en performance et en fiabilité, versionnage intégré, modes envoi seulement et réception seulement.
  • Points faibles: pas de synchro sélective native, écosystème iOS limité, exige un peu plus de mise en place.

Resilio Sync

  • Propriétaire, très simple à déployer et à utiliser. Apps natives partout, incluant iOS.
  • Atout majeur: synchronisation sélective avec placeholders. Idéal quand l’espace disque est contraint.
  • Très rapide, particulièrement sur gros fichiers et multi-sources. Options pro utiles: planification, droits fins, dossier chiffré côté pair.
  • Points faibles: licences à prévoir, code fermé, dépendance à l’éditeur.

Quand choisir quoi

  • Priorité souveraineté, maîtrise, zéro coût: Syncthing.
  • Priorité simplicité, mobile iOS, synchro à la demande: Resilio Sync.
  • Volumes massifs et multi-sites: les deux conviennent. Resilio garde un léger avantage en vitesse brute sur certaines configs, Syncthing brille en LAN et en décentralisation pure.

Bonnes pratiques en entreprise

  • Prévoir au moins un nœud toujours allumé par site pour assurer la disponibilité.
  • Activer le versionnage côté clients ou un dossier réception seulement pour éviter les pertes par suppression.
  • Chiffrer les disques au repos si les postes contiennent des données sensibles.
  • Segmenter par dossiers de projet pour limiter la volumétrie synchronisée.
  • Documenter l’onboarding utilisateur et l’appairage pour réduire la friction.

Message clé

  • Le P2P moderne offre un Dropbox sans cloud. Syncthing maximise l’autonomie et la conformité souveraine. Resilio maximise l’ergonomie et la flexibilité utilisateur. Choisissez selon vos priorités et votre maturité IT.


Introduction : le partage de fichiers évolue

Dans les entreprises modernes, la partage et la synchronisation de fichiers sont des besoins quotidiens. Beaucoup de professionnels utilisent des services cloud (infonuagiques) comme Dropbox, OneDrive ou Google Drive pour travailler à plusieurs et accéder à leurs documents partout. Cependant, ces solutions centralisées soulèvent des questions de sécurité, de confidentialité et de souveraineté des données – en particulier au Québec, où la protection des informations sensibles et l’indépendance technologique sont des préoccupations croissantes. C’est ici qu’interviennent les solutions de synchronisation en pair-à-pair (P2P), qui permettent d’échanger des fichiers directement entre appareils sans passer par un serveur tiers.

Dans cet article, nous allons expliquer le fonctionnement du partage de fichiers en P2P, puis examiner en détail deux outils phares de la synchronisation poste-à-poste : Syncthing (logiciel libre) et Resilio Sync (logiciel propriétaire, ex-BitTorrent Sync). Nous les comparerons à d’autres alternatives P2P, en contrastant les approches libres vs propriétaires. Nous explorerons ensuite les enjeux de sécurité, de performance, de souveraineté numérique et de confidentialité, avant de présenter des exemples concrets d’utilisation en milieu professionnel (PME, agences, multi-sites, etc.). Enfin, nous conclurons avec des recommandations selon différents cas d’usage : mobilité, sécurité, autonomie, etc. Notre objectif est d’adopter un ton pédagogique et accessible, pour un lectorat professionnel non technique souhaitant reprendre le contrôle de ses données sans complexité inutile.


Comment fonctionne le partage de fichiers en P2P ?

P2P (pair-à-pair) désigne un mode d’échange où chaque participant au réseau est à la fois client et serveur. Concrètement, dans un partage de fichiers P2P, les ordinateurs communiquent directement entre eux sur Internet, sans serveur central intermédiaire. Chaque utilisateur peut simultanément envoyer et recevoir des données d’un autre, formant ainsi un réseau de « pairs » interconnectés.

L’avantage technique clé du P2P par rapport à un système centralisé est qu’un fichier très demandé est partagé plus rapidement : plus il y a de pairs possédant tout ou partie du fichier, plus le téléchargement est rapide grâce à toutes ces sources combinées (principe du swarming ou « téléchargement par essaim »)fr.wikipedia.org. À l’inverse, dans un modèle centralisé, un serveur unique peut devenir un goulot d’étranglement s’il doit servir trop de clients en même tempsfr.wikipedia.org. Le P2P répartit la charge entre les participants du réseau.

Historiquement, le grand public a découvert le P2P avec le partage de musique et de films (Napster, KaZaA, BitTorrent, etc.), souvent dans des contextes de téléchargement illégal. Cependant, la même technologie P2P peut être employée légalement en entreprise pour synchroniser des fichiers de travail entre collaborateurs. Par exemple, de nombreuses distributions Linux utilisent BitTorrent (P2P) pour diffuser leurs ISO plus efficacementfr.wikipedia.org. En usage professionnel, un réseau P2P privé permet de synchroniser en temps réel les documents entre plusieurs ordinateurs d’une équipe, sans passer par le cloud ni exposer ses données à un prestataire externe.

En résumé, le P2P crée un nuage local distribué : chaque appareil relié partage les fichiers avec les autres. Cela offre une indépendance vis-à-vis des serveurs centraux, ainsi qu’une résilience accrue (pas de panne générale si un serveur tombe, chaque nœud restant autonome). Voyons maintenant comment cette approche est mise en œuvre concrètement par Syncthing et Resilio Sync.

Syncthing : la synchronisation libre et décentralisée

Syncthing est un logiciel libre (open source, licence MPL 2.0) de synchronisation de fichiers en continu. Lancé en 2013 par Jakob Borg, il a été conçu dès le départ comme une alternative ouverte à BitTorrent Sync (l’ancien nom de Resilio Sync). Syncthing permet de synchroniser des dossiers entre plusieurs machines via une connexion P2P sécuriséedoc.ubuntu-fr.org. Il fonctionne sur une multitude de plateformes : Windows, macOS, Linux, BSD, Android, etc., et même sur des NAS. En d’autres termes, Syncthing vous aide à construire votre propre nuage personnel, sans abonnement et sans dépendre d’un fournisseur externe.

Fonctionnement et caractéristiques

Chaque appareil sur lequel Syncthing est installé agit comme un nœud du réseau P2P. Lors de la première utilisation, Syncthing génère une identité unique (un ID) et des clés de chiffrement. Pour synchroniser deux appareils, il faut les appairer en échangeant leurs IDs et en autorisant la connexion mutuellement – une étape de configuration qui assure que seules les machines approuvées participent au partageclubic.com. Une fois connectés, les nœuds détectent les modifications de fichiers (ajouts, modifications, suppressions) et les répliquent immédiatement aux autres appareils du cluster.

Syncthing adopte une architecture entièrement décentralisée : il n’y a aucun serveur central où transiteraient ou se stockeraient vos donnéesclubic.com. À la place, les appareils trouvent leur route les uns vers les autres soit par découverte locale sur le réseau LAN, soit via des serveurs de découverte publics (fournis par le projet Syncthing) qui aident les nœuds distants à se repérer sur Interneten.wikipedia.org. En cas d’appareils derrière des pare-feu/NAT, Syncthing peut utiliser des serveurs relais (également fournis par la communauté) pour relayer les données chiffréesen.wikipedia.org. Notons que ces serveurs de découverte et relais ne stockent pas de fichiers : ils se contentent de faciliter la connexion, les échanges restant chiffrés de bout en bouten.wikipedia.org. Il est même possible pour une organisation de déployer ses propres serveurs de découverte et de relais si elle veut une indépendance totaleen.wikipedia.orgen.wikipedia.org. En somme, on peut utiliser Syncthing sans aucune connexion aux serveurs de la communauté, pour un fonctionnement en système complètement fermé si désiréen.wikipedia.org.

Sur chaque nœud, Syncthing offre une interface Web d’administration simple qui permet de voir l’état de la synchronisation, d’ajouter des dossiers ou des pairs, et de configurer les options. Les transferts de données utilisent un protocole de synchronisation maison (Block Exchange Protocol) optimisé pour être efficace en bande passanteclubic.comen.wikipedia.org. Par exemple, Syncthing compresse les métadonnées et les données transféréesen.wikipedia.org, et découpe les fichiers en blocs afin de ne transférer que les portions modifiées. S’il détecte qu’un bloc de données n’a pas changé et existe déjà à destination, il le réutilise sans le renvoyeren.wikipedia.org, ce qui accélère grandement la synchro. De plus, lorsqu’un fichier est renommé ou déplacé, Syncthing est capable de le reconnaître et d’éviter une recopie complète, ajustant simplement l’emplacementen.wikipedia.org. Grâce à ces mécanismes, la synchronisation est très rapide et incrémentale, même sur de gros volumes.

En cas de modification concurrente d’un même fichier sur deux appareils, Syncthing gère les conflits en préservant les deux versions : la version la plus ancienne est renommée avec un suffixe "sync-conflict" et horodatée, afin que l’utilisateur puisse la comparer et choisiren.wikipedia.org. Par ailleurs, Syncthing offre des fonctions de versionnage (archivage) des fichiers supprimés ou modifiés : on peut activer une "corbeille" locale (Trash Can) ou un versionnage chronologique (staggered), conservant pendant un certain temps les anciennes versions pour restauration si besoinen.wikipedia.org. Ceci est très utile pour une entreprise, car la synchronisation n’est pas une sauvegarde en soi : sans versionnage, une suppression accidentelle sur un appareil se répercuterait sur tous les autres. Avec le versionnage activé, on garde une copie de secours des fichiers supprimés, améliorant la sécurité des données.

Syncthing permet également de définir un dossier en mode « envoi seulement » (send-only) ou « réception seulement » (receive-only)en.wikipedia.org. Par exemple, un dossier envoi-seulement ne prendra pas en compte les modifications provenant des autres (utile pour un dossier maître qui distribue des documents sans jamais être altéré par les clients), tandis qu’un dossier réception-seulement peut servir de backup (il reçoit toutes les mises à jour sans jamais renvoyer de modification, évitant de propager une suppression faite localement par erreur). Cette flexibilité permet d’adapter la synchronisation aux besoins métiers (partage bidirectionnel, distribution unidirectionnelle, sauvegarde, etc.).

Avantages de Syncthing

  • Open source et transparent : Syncthing étant gratuit et ouvert, son code source peut être audité par quiconque. Cela apporte une assurance de sécurité : on peut vérifier qu’aucune porte dérobée n’est présente et que la vie privée est respectéeclubic.com. Comme le dit un article, Syncthing pousse la philosophie zéro serveur central jusqu’au bout en étant entièrement libre, ce qui inspire confiance dans un contexte où l’on craint les logiciels fermésclubic.com. De plus, la communauté open source est active : la documentation est riche et régulièrement enrichie par les utilisateursclubic.com, et les développeurs sont présents sur les forums d’entraideforum.resilio.com. Pour une entreprise, cela signifie qu’on peut trouver du support communautaire facilement et même adapter l’outil à ses besoins si nécessaire (grâce aux API REST et aux nombreux utilitaires tiers disponiblesen.wikipedia.org).
  • Contrôle total des données : Avec Syncthing, vos fichiers restent stockés uniquement sur vos appareils. Il n’y a pas de serveur cloud externe où seraient copiées vos données. Cela réduit grandement la surface d’attaque et les risques de fuite : pas de prestataire tiers pouvant accéder ou transmettre vos fichiers. Les échanges réseau entre pairs sont chiffrés de bout en bout via TLS (comme HTTPS)clubic.com, assurant la confidentialité en transit. Même si Syncthing utilise des relais ou transite sur Internet, les données sont illisibles pour quiconque intercepterait le trafic (y compris les serveurs relais, qui ne voient qu’un flux chiffréen.wikipedia.org). L’authentification mutuelle des appareils (échange d’ID) évite aussi qu’un inconnu se connecte à votre dossier par hasard. En somme, Syncthing offre un niveau de sécurité et de confidentialité adapté aux fichiers sensibles d’une entreprise (projets en R&D, données client, etc.), sans faire confiance à un tiers. Pour les organisations soucieuses de souveraineté numérique, c’est un atout majeur : on évite de dépendre d’infrastructures étrangères ou de code propriétaire obscurreddit.com.
  • Gratuit et sans limitation de taille : Syncthing est entièrement gratuit, sans version Pro payante. Il n’impose aucune limite de taille ou de nombre de fichiers synchronisés. Que vous ayez quelques documents bureautiques ou des téraoctets de vidéos, Syncthing synchronise tout, la seule contrainte étant la capacité de stockage de vos machines et leur connectivité. Cette absence de barrière financière est appréciable pour les PME et travailleurs autonomes qui peuvent déployer Syncthing à moindre coût plutôt que de payer des abonnements cloud onéreux, ou pour des organismes publics cherchant à utiliser davantage de logiciels libres.
  • Performances optimisées : Malgré sa légèreté (écrit en Go, il consomme peu de ressources), Syncthing est conçu pour bien performer même sur de gros volumes. Son protocole transfère uniquement les différences, compressées, et peut tirer parti du réseau local pour synchroniser à pleine vitesse entre postes d’un même bureau. Sur Internet, il utilise des techniques comme le NAT punching et le protocole QUIC (UDP) pour améliorer les débits et réduire la latence. De nombreux utilisateurs rapportent que la synchronisation est quasi instantanée pour les petites modifications, et que les gros transferts saturent leur bande passante disponible de façon efficace. En comparaison avec un envoi vers un serveur distant et un re-téléchargement, le P2P peut faire gagner du temps, surtout dans un contexte multi-sites (nous y reviendrons dans la section Performance).
  • Fonctionnalités utiles en entreprise : Outre celles déjà évoquées (versioning, dossiers unidirectionnels), signalons la flexibilité multiplateforme (on peut synchroniser un PC Windows au bureau avec un Mac à la maison et un serveur Linux en cloud privé, par exemple). Syncthing tourne aussi sur Android, ce qui permet par exemple de sauvegarder automatiquement les photos d’un téléphone professionnel vers son PC de travail sans passer par Google Photos. (Sur iOS, il n’existe pas d’application officielle Syncthing à cause des restrictions d’Apple qui empêchent une appli de tourner en arrière-plan en continu. Cependant, des applis tierces comme Möbius Sync existent, offrant une intégration partielle de Syncthing sur iPhone/iPad.)

Par ailleurs, Syncthing évolue constamment : en 2023, il est passé en version 2.0 avec des améliorations de performance, et sa communauté ajoute régulièrement des traductions (il est disponible en français et plus de 60 langues), des correctifs et de nouvelles idées. Cette vitalité du projet rassure quant à sa pérennité.

Limites et points d’attention

  • Configuration et interface : Syncthing vise la simplicité, mais demeure un outil technique à configurer. L’interface Web, bien que claire, peut dérouter les néophytes avec ses notions d’IDs d’appareil, de dossiers partagés, d’adresses de relais, etc. Comparé à un Dropbox où il suffit de « se connecter » avec un compte, Syncthing demande un petit effort initial pour appareiller les dispositifs. Un utilisateur non-technicien aura peut-être besoin d’aide au départ. Cela dit, une fois mis en place, le système est relativement autonome et fiable. L’administration de Syncthing (ajouter un nouvel appareil, gérer les conflits, etc.) demande aussi un minimum de compréhension. En entreprise, cela signifie qu’un technicien ou administrateur devra sans doute configurer l’outil pour les employés, du moins initialement. À l’usage quotidien toutefois, Syncthing peut être rendu quasi invisible (il tourne en arrière-plan et synchronise sans intervention de l’utilisateur).
  • Pas de synchronisation sélective : Actuellement, Syncthing synchronise toujours l’intégralité des dossiers partagés sur chaque machine participante. Il n’y a pas de fonction de placeholder (fichiers virtuels) pour télécharger à la demande seulement certains fichiers. Cela peut poser problème sur des appareils à faible capacité (ex: ordinateur portable avec SSD limité) si le dossier partagé est très volumineux. Des contournements existent – par exemple, on peut définir des motifs d’ignoration de fichiers (ignore patterns) pour exclure certains sous-dossiers sur une machine spécifique – mais cela reste manuel et moins pratique qu’une case à cocher « Ne synchroniser ce fichier que sur demande ». À noter que du côté de la communauté Syncthing, des efforts sont en cours pour apporter une forme de sync sélectif via des clients tierces (l’appli iOS Mobius propose par exemple la synchronisation uniquement de certains fichiers). Néanmoins, pour le moment, sur Syncthing chaque pair doit avoir l’espace pour stocker l’ensemble des données partagées. En contexte d’entreprise, si un employé n’a besoin que d’une partie d’un gros projet, on devra soit créer des dossiers partagés plus granulaires, soit utiliser une autre solution pour éviter de tout dupliquer.
  • Pas de support commercial officiel : Syncthing étant communautaire, il n’y a pas de hotline ou de contrat de support éditeur en cas de problème. La documentation et les forums sont les ressources principales. Pour la plupart des PME, ceci est acceptable (d’autant que la communauté est réactive). Mais pour de grandes entreprises ou administrations qui exigent un support 24/7 et un interlocuteur dédié, ce modèle peut sembler risqué. Il est toujours possible de faire appel à des prestataires tiers (ESN) spécialisés en open source pour accompagner un déploiement Syncthing, mais ce n’est pas fourni clef en main par l’éditeur du logiciel (puisqu’il n’y en a pas à proprement parler).
  • Dépendance à l’activité des pairs : Par définition, dans un réseau P2P privé, pour que les fichiers se synchronisent, au moins un autre appareil doit être allumé et accessible. Si vous n’avez que deux postes (ex: PC bureau et PC maison) et qu’ils ne sont jamais allumés en même temps, la synchronisation ne pourra pas s’effectuer jusqu’à ce qu’ils soient connectés simultanément à un moment. De même, si tous les appareils d’un dossier partagé sont éteints, il n’y a pas de copie « centrale » disponible en permanence. La parade consiste souvent à avoir un des nœuds qui sert de serveur toujours en ligne (par exemple un NAS ou un petit serveur dans le cloud ou au bureau). Ainsi, même si les PC des utilisateurs sont éteints, ce nœud central assure la disponibilité des données et prend les changements dès qu’un client se connecte. En pratique, beaucoup d’entreprises utilisant Syncthing définissent un appareil principal par site (NAS local) faisant office de relais persistant. Cela fonctionne très bien, mais il faut y penser dans l’architecture : Syncthing n’est pas un service cloud hébergé par un tiers, c’est à vous de prévoir l’infrastructure nécessaire pour que la synchro soit continue (par exemple, garder un PC toujours allumé pour faire le « pont »).
  • Écosystème mobile limité : Comme mentionné plus haut, sur iOS l’usage de Syncthing est possible via des applications non officielles, mais avec des contraintes (synchronisation uniquement en foreground, pas d’intégration profonde au système de fichiers comme une app native Apple le ferait). Sur Android, l’application Syncthing officielle fonctionne bien, mais certaines limitations d’Android peuvent affecter la fiabilité en arrière-plan selon les fabricants (il faut souvent exclure l’appli des optimisations batterie, etc.). En comparaison, des solutions comme Resilio ou des clouds propriétaires ont souvent des apps mobiles mieux intégrées (synchronisation en arrière-plan, upload automatique de photos, etc.). Si la mobilité smartphone est un critère crucial, Syncthing n’offre pas (encore) une expérience aussi fluide qu’un Dropbox ou que Resilio.

Malgré ces quelques limites, Syncthing s’avère une solution puissante et mature pour qui souhaite un outil de synchronisation autonome, sécurisé et gratuit. Dans la section suivante, nous verrons comment se positionne Resilio Sync, son principal concurrent propriétaire, qui propose une approche similaire mais avec ses propres avantages et inconvénients.

Resilio Sync : l’héritier propriétaire de BitTorrent Sync

Resilio Sync est la solution de synchronisation P2P développée par la société Resilio Inc. (fondée par d’anciens responsables du protocole BitTorrent). Historiquement lancé en 2013 sous le nom BitTorrent Sync (BTSync), le produit a ensuite été renommé Resilio Sync en 2016 lorsque la société a pris son indépendance de BitTorrent. Contrairement à Syncthing, Resilio Sync est un logiciel propriétaire : son code source n’est pas public, et il fonctionne sur un modèle freemium avec des licences payantes pour accéder à toutes les fonctionnalités. Néanmoins, la version gratuite de Resilio Sync est déjà utilisable sans limite de temps, avec certaines restrictions (nombre d’appareils ou de dossiers connectés, par exemple).

Fonctionnement et spécificités

Sur le principe général, Resilio Sync ressemble beaucoup à Syncthing : il s’agit aussi d’une synchronisation de fichiers de pair-à-pair, sans serveur central. Les appareils exécutant Resilio Sync échangent directement les données via Internet ou en local, en exploitant le protocole BitTorrent sous-jacent. En effet, Resilio Sync capitalise sur l’expertise de BitTorrent : il utilise une variante du protocole torrent pour découper les fichiers en segments et les transférer efficacement. Ainsi, un dossier partagé via Resilio Sync peut tirer profit du swarming : si plusieurs pairs détiennent le même fichier, un nouveau pair peut télécharger différentes portions depuis chacun, accélérant la synchronisation (ce comportement se voit surtout lorsqu’on a plus de 2 appareils dans un cluster). De plus, Resilio utilise UDP et d’autres optimisations réseau issues de BitTorrent, ce qui le rend très performant sur les transferts.

L’appairage des dispositifs dans Resilio Sync se fait différemment de Syncthing : au lieu d’échanger des identifiants d’appareils, on partage un « lien de synchronisation » ou une clé secrète liée à chaque dossier. Par exemple, pour partager un dossier, on génère un lien (une URL ou un QR code) que l’on transmet aux collaborateurs. Quiconque ouvre ce lien dans Resilio Sync (ou scanne le QR code sur mobile) rejoindra le dossier partagé, après éventuellement une autorisation de l’administrateur selon les réglages. Il y a donc une notion de clé de partage par dossier, plutôt qu’une liste d’appareils approuvés globalement. Cette approche est plus simple pour inviter de nouveaux pairs, mais certains pourraient la juger moins granulaire en termes de contrôle (on fait confiance à la confidentialité du lien partagé). Néanmoins, Resilio propose des options : liens lecture seule, liens à usage unique, mots de passe, etc., pour sécuriser l’accès au partage.

Une des forces mises en avant par Resilio Sync est sa convivialité. L’interface utilisateur est soignée, avec un client graphique natif sur chaque plateforme (Windows, macOS, Linux, et mobile). Tout est unifié dans une même application. Par exemple, sur smartphone, l’appli Resilio offre un module de sauvegarde automatique de la pellicule photo vers un PC. L’expérience utilisateur est proche de celle d’un service cloud grand public, sauf que les données ne transitent qu’entre vos appareils. Cette facilité d’utilisation est un atout pour les PME sans expertise technique : l’installation et la configuration initiale sont guidées, et l’interface montre clairement quels dossiers sont synchronisés et avec qui.

Côté sécurité, Resilio Sync assure le chiffrement de bout en bout des échanges via AES 128 bits. D’après le site officiel, une clé unique de 256 bits est générée par dossier et sert à chiffrer les données échangées (BitTorrent Sync utilisait déjà ce principe de pre-shared key). Le chiffrement est transparent pour l’utilisateur, et les données ne peuvent être déchiffrées que par les pairs autorisés (qui possèdent la clé via le lien de partage. Tout comme Syncthing, Resilio n’emploie pas de serveur central de stockage : vos fichiers restent sur vos machines. Il existe bien des serveurs de suivi (trackers) et relays exploités par Resilio pour aider les pairs à se trouver et pour relayer si nécessaire, mais ils ne stockent rien d’autre que des métadonnées de connexion (ou éventuellement des fragments chiffrés en transit).

Resilio Sync propose en fait plusieurs déclinaisons de son produit : la version Home (gratuite ou Pro payante pour usage personnel) et la version Resilio Connect, une offre entreprise très avancée. Resilio Connect ajoute des fonctionnalités de déploiement centralisé, de gestion fine (tableau de bord admin, API, scripting) et un support professionnel. Dans cet article on se focalise sur Resilio Sync (Home/Pro) qui est l’équivalent fonctionnel de Syncthing pour une petite structure. Mais il est bon de savoir que pour des besoins à grande échelle, la société propose une solution commerciale complète.

Avantages de Resilio Sync

  • Prêt à l’emploi et convivial : Resilio Sync a la réputation d’être facile à prendre en main. L’interface utilisateur est épurée et intuitive. Par exemple, pour partager un dossier, quelques clics suffisent pour générer un lien de partage. Il n’y a pas besoin d’échanger manuellement des identifiants ou d’aller dans une interface web séparée : tout se fait dans l’application cliente. Cette ergonomie peut faire gagner du temps à une entreprise : moins de risques d’erreurs de configuration, formation des utilisateurs simplifiée. Plusieurs commentaires d’utilisateurs soulignent que “ça marche tout de suite” et que le logiciel est “très simple à appréhender”. C’est un point important si l’on veut déployer largement auprès d’employés non-techniciens.
  • Synchronisation sélective (placeholders) : L’un des atouts majeurs de Resilio Sync Pro est la possibilité de ne synchroniser que certains fichiers/dossiers à la demande, grâce à la fonction de Selective Sync. Concrètement, l’utilisateur voit l’arborescence complète du dossier partagé, mais peut choisir de n’avoir physiquement que quelques fichiers sur sa machine, les autres étant représentés par des fichiers symboliques (placeholders). Lorsqu’il a besoin d’un fichier non local, un double-clic déclenche son téléchargement. Cette fonctionnalité – similaire à ce que propose Dropbox avec Smart Sync – est extrêmement utile pour économiser de l’espace disque sur les terminaux. Par exemple, une équipe vidéo peut partager un dossier de 2 To, mais chaque monteur peut ne télécharger que les projets en cours utiles pour lui, tout en ayant la possibilité d’accéder aux autres à tout moment via le placeholder. Syncthing n’offrant pas (encore) cette possibilité, c’est un avantage décisif de Resilio dans certains cas d’usageforum.resilio.comforum.resilio.com. À noter que Resilio Connect (version entreprise) va encore plus loin avec des agents pouvant télécharger sur demande en streaming, etc.
  • Excellentes performances : Bâti sur le protocole BitTorrent éprouvé, Resilio Sync est conçu pour être rapide et efficace, notamment sur de gros fichiers ou de multiples flux. Les transferts sont segmentés et parallélisés. Sur un réseau local Gigabit, Resilio peut aisément saturer le débit (plus de 100 Mo/s) pour synchroniser un gros fichier, là où des protocoles moins optimisés plafonneraient plus bas. En environnement WAN (sites distants), il utilise UDP uTP et d’autres optimisations qui lui donnent souvent une longueur d’avance. Des utilisateurs ayant comparé les deux solutions notent que Resilio était plus rapide “out of the box” que Syncthing sur leurs teststruenas.com. Par exemple, Resilio annonce qu’un fichier vidéo de 1,36 Go se transfère en 41 s entre deux PC (8× plus vite qu’un envoi via Google Drive, d’après leur benchmark)resilio.com. Bien sûr, les performances réelles dépendent de nombreux facteurs (chiffrement, puissance CPU pour le hachage, latence réseau…), et Syncthing a fait beaucoup de progrès (il utilise aussi maintenant le protocole QUIC en UDP). Mais de façon générale, Resilio est considéré comme très fiable en termes de vitesse et de gestion des gros volumes. Son protocole P2P peut tirer parti de multiples sources simultanées : si un fichier est déjà présent sur 3 serveurs distants, un nouvel arrivant peut télécharger depuis les 3 en parallèle, réduisant le temps total. Cette efficience est un argument fort pour les entreprises manipulant de grands fichiers (vidéo, imagerie, sauvegardes…) ou souhaitant synchroniser des sites via des liens internet limités : Resilio maximise la bande passante disponible.
  • Fonctionnalités avancées (Pro) : En plus de la sync sélective, la version Resilio Sync Pro apporte d’autres fonctions utiles en contexte professionnel. Par exemple : la gestion des permissions au niveau utilisateur (définir tel pair en lecture seule, tel autre en lecture/écriture), la possibilité de configurer des planifications (scheduler) pour restreindre la synchronisation à certaines plages horaires – pratique pour ne pas saturer le réseau en journée, par exempleforum.resilio.com. Resilio Pro intègre aussi un système d’accélération différentielle pour synchroniser plus vite un grand nombre de petits fichiers, et un mode d’utilisation “Local Sync” pour synchroniser des dossiers au sein d’une même machine ou d’un même réseau local plus rapidement. Par ailleurs, Resilio conserve un archive des fichiers supprimés (dans un dossier caché .sync/Archive) permettant de récupérer des données effacées par inadvertance – similaire à la fonction de versioning de Syncthing. En résumé, la version payante offre un panel complet d’options pour adapter l’outil à divers scénarios d’entreprise. La contrepartie est évidemment le coût (licence à acquérir par utilisateur ou par poste, selon l’offre).
  • Support et écosystème entreprise : En optant pour un produit commercial comme Resilio, une entreprise peut bénéficier d’un support officiel en cas de problème, ce qui rassure certaines directions IT. Resilio Inc. propose de l’assistance et des mises à jour régulières (bien que des utilisateurs aient critiqué un ralentissement du rythme d’update à une époqueforum.resilio.com). Surtout, si les besoins dépassent le cadre du simple outil de sync, la solution Resilio Connect permet d’aller plus loin : administration centralisée de centaines de nœuds, tableaux de bord, chiffrement au repos, scripts de pré- et post-synchronisation, etc. De grandes entreprises et organisations (DHL, Microsoft, Universités…) utilisent Resilio Connect pour distribuer des données à travers le monde. Cela montre que la technologie sous-jacente est scalable et robuste. Pour une PME, la version Sync Pro est souvent suffisante, mais savoir qu’une évolution vers Connect est possible fait de Resilio un choix pérenne qui peut grandir avec l’entreprise.
  • Compatibilité mobile complète : Resilio fournit des applications mobiles sur Android et iOS avec toutes les fonctionnalités. L’appli iOS est bien intégrée : elle peut synchroniser en arrière-plan (dans les limites d’iOS, via des tâches de fond), et s’appuie sur l’app Fichiers d’iOS pour exposer les dossiers Resilio. On peut donc éditer un fichier sur iPhone directement dans le dossier Resilio Sync, il se synchronisera plus tard. Sur Android, l’appli peut tourner en service constant. Cette couverture mobile surpasse celle de Syncthing actuellement, et c’est un avantage si vos collaborateurs travaillent beaucoup depuis leurs smartphones ou tablettes. Par exemple, un photographe peut synchroniser automatiquement ses clichés depuis son iPhone vers le NAS du bureau dès qu’il a du Wi-Fi, grâce à Resilio.

Limites et inconvénients de Resilio Sync

  • Code fermé et enjeux de confiance : Le fait que Resilio Sync soit propriétaire implique une opacité du code. On doit faire confiance à l’éditeur quant à la sécurité et la confidentialité. Aucune communauté indépendante ne peut auditer en profondeur l’absence de failles ou de portes dérobées. Dans le contexte de données sensibles ou de souveraineté, cela peut être un frein : certaines organisations publiques ou entreprises critiques préfèreront un logiciel libre qu’elles peuvent vérifier elles-mêmesreddit.com. Même si Resilio utilise un chiffrement solide (AES) et qu’aucun scandale n’est à déplorer, le niveau de transparence est moindre comparé à Syncthing. De plus, dépendre d’un logiciel propriétaire comporte le risque de verrouillage (lock-in) : si la société arrête le produit ou change ses conditions, vous pourriez vous retrouver coincés. Avec un outil open source, la communauté pourrait forker ou maintenir le projet en cas d’abandon, assurant une continuité. C’est un point à considérer stratégiquement.
  • Coût et licences : Bien que la version gratuite de Resilio Sync soit utilisable (elle permet déjà la synchronisation illimitée de données entre 2 appareils, ou plus mais avec moins de flexibilité), bon nombre de fonctionnalités intéressantes sont réservées à la version Pro payante. Par exemple, la sync sélective, la connexion à plus de X appareils, le contrôle fin des droits, nécessitent l’achat d’une licence (soit une licence Home Pro par utilisateur, soit des packs Business). Pour une équipe de plusieurs personnes, le coût peut s’accumuler. À titre indicatif, la licence Home Pro était aux alentours de 60 € (paiement unique) pour usage personnel multi-appareils. Les licences Business varient (modèle par utilisateur ou par espace de travail). Si on compare à Syncthing qui est gratuit, Resilio représente un investissement financier. Certaines PME ou travailleurs autonomes pourraient hésiter à payer, surtout s’ils n’ont besoin que de base. Il faut donc peser le bénéfice des fonctions avancées vs le prix. Néanmoins, par rapport à un abonnement cloud mensuel, Resilio reste souvent rentable sur la durée, surtout si on l’utilise intensément pour de gros volumes (pas de frais de stockage externes).
  • Dépendance vis-à-vis de l’éditeur : Revers de la médaille du support officiel, on est tributaire de la réactivité de Resilio Inc. en cas de bugs. Or, la communauté a signalé à certains moments une lenteur dans les mises à jour et la correction de bugs émergentsforum.resilio.comforum.resilio.com. Par exemple, des problèmes sur l’appli Android (freezes) ou l’impossibilité d’installer le service Windows dans certains cas ont mis du temps à être résolus, ce qui a poussé certains utilisateurs avancés à “panacher” avec Syncthing pour compenserforum.resilio.com. De plus, sur les forums officiels, les employés Resilio semblent peu présents, laissant la communauté utilisateur se débrouiller en auto-supportforum.resilio.com. Ce manque d’engagement perçu a été critiqué, surtout face à Syncthing dont les développeurs sont très actifs en ligneforum.resilio.com. Cela peut être un inconvénient si vous aimez l’idée d’une communauté vivante. Cependant, notons que pour les clients Business avec contrat de support, Resilio fournit certainement un accompagnement direct qui n’est pas visible sur les forums publics.
  • Moins flexible sur mesure : Avec un logiciel open source, une entreprise astucieuse peut toujours adapter ou intégrer le programme à ses workflows (via scripts, etc.). Syncthing par exemple a une API REST qui a permis à des tierces parties de créer des interfaces custom, ou de l’intégrer dans d’autres applications. Resilio, étant fermé, n’offre pas cette liberté de modification. Vous ne pouvez pas ajouter une fonctionnalité vous-même ou obtenir un build spécial. On est limité à ce que l’éditeur fournit. Pour la plupart des usages standard de synchronisation, ce n’est pas gênant. Mais si votre cas d’utilisation est très spécifique, vous pourriez atteindre les limites du produit sans moyen de le modifier. Resilio Connect apporte certes des APIs et scripts, mais c’est encore du propriétaire avec licence plus chère.

En synthèse, Resilio Sync est un outil performant et user-friendly, qui comblera beaucoup de besoins en synchronisation P2P, notamment pour ceux qui veulent une expérience clé-en-main proche d’un Dropbox privé. Ses fonctionnalités avancées (sélective, etc.) lui donnent de sérieux avantages dans certains scénarios. Cependant, son caractère propriétaire et payant le distingue nettement de Syncthing sur les aspects philosophiques et stratégiques.

Comparatif des deux solutions (et autres alternatives P2P)

Après avoir vu en détail Syncthing et Resilio Sync, résumons leurs principales différences et similitudes dans un tableau comparatif. Nous inclurons aussi, le cas échéant, d’autres solutions P2P notables dans la discussion.

CritèreSyncthing (libre)Resilio Sync (propriétaire)
Licence et code sourceLogiciel open source (MPL 2.0), code auditableclubic.com. Gratuit.Logiciel propriétaire, code fermé non auditable. Version gratuite limitée, options Pro payantes.
ArchitectureRéseau P2P pur, sans serveur central. Appareils appairés explicitement (par ID).Réseau P2P également. Partage par clés de dossier (liens) sans serveur central de stockage.
Chiffrement des échangesChiffrement TLS 1.3 (niveau HTTPS) de bout en boutclubic.com.Chiffrement AES 128-bit de bout en boutclubic.com (clé secrète par partage).
Plateformes supportéesWindows, macOS, Linux, *BSD, Solaris, Android. Pas d’appli iOS native (apps tierces disponibles).Windows, macOS, Linux, Android, iOS (application officielle fournie).
Interface utilisateurInterface Web (localhost) + utilitaires tiers (Synctrayzor sur Windows, etc.). Oriented technophiles : informations détaillées, nombreuses options.Application native unifiée sur chaque OS. Interface épurée et simple d’utilisationclubic.com, adaptée grand public.
Fonctionnalités clésSynchronisation continue temps réel. Versionnage des fichiers supprimés/modifiés (Trash Can, versions décalées). Dossiers send-only / receive-only. Ignoration de fichiers par motif. Pas de sync sélective intégrée.Synchronisation continue. Sync sélective (placeholders) en option Proforum.resilio.com. Dossiers en lecture seule/écriture. Planification possible. Archive des fichiers supprimés. Sauvegarde auto mobile (app photo).
PerformanceTrès bonne : protocole optimisé (différentiel, compression). Vitesse proche de la limite du réseau dans beaucoup de cas. Léger impact CPU (hash) sur gros dossiers.Excellente : utilise BitTorrent, transfert segmenté multi-source. Particulièrement efficace sur réseaux multi-peers ou pour de gros fichiers. Réputation d’être un peu plus rapide sur certaines configurationstruenas.com.
Écosystème et supportGrande communauté active. Documentation abondanteclubic.com. Support via forums (anglais/français). Pas de support officiel garanti (communautaire uniquement).Support éditeur disponible (surtout pour clients payants). Communauté d’utilisateurs existante mais moins mobilisée que celle de Syncthingforum.resilio.com. Mises à jour dépendant de Resilio Inc. (rythme variable).
Souveraineté & vie privéeDonnées hébergées on-premise sur vos appareils uniquement. Aucune dépendance à un service externe (possibilité d’auto-héberger les serveurs de découverte si besoin). Code libre donc confiance maximale sur l’absence de mouchards.Données également hébergées sur vos appareils (pas de cloud tiers). Métadonnées de connexion gérées par les serveurs Resilio (outraqueurs). Code fermé : nécessite une confiance dans l’éditeur sur la sécurité/peu de contrôle sur l’implémentation.
CoûtsGratuit à 100%. Coût indirect éventuel : temps d’installation/maintenance (interne).Version gratuite limitée (ex : nombre de dossiers ou appareils). Licence Pro requise pour fonctions complètes ; coût par utilisateur/appareil. Budget à prévoir, mais pas de frais cloud récurrents.

En dehors de Syncthing et Resilio Sync, quelles sont les autres alternatives de partage de fichiers en P2P ?

Il faut avouer que ces deux outils dominent aujourd’hui ce créneau du « Dropbox sans cloud ». BitTorrent Sync ayant été remplacé par Resilio, il n’y a pas pléthore d’autres logiciels de synchronisation P2P actifs en 2025. Quelques noms méritent toutefois mention :

  • Sparkleshare : un logiciel open source qui synchronise des fichiers en utilisant Git comme backend. Il était parfois cité comme alternative pour partager des documents versionnés, mais ce n’est pas du P2P pur (il y a un dépôt Git central). De plus, il n’est plus trop en vogue aujourd’hui.
  • Unison : un ancien outil de synchronisation de fichiers (développé à l’INRIA) qui fonctionne de pair à pair (entre deux machines) de manière manuelle. Pas de synchro continue, mais pour des synchronisations ponctuelles scriptées, il est très efficace et open source. Toutefois, Unison n’est pas conçu pour le multi-appareils en temps réel.
  • Rsync : très connu pour la synchronisation unidirectionnelle, souvent utilisé pour les sauvegardes. Ce n’est pas du P2P multi-sens, juste un protocole de copie optimisée (différentielle). On le mentionne car certaines entreprises utilisent des scripts rsync pour répliquer des fichiers entre sites. Mais ce n’est pas aussi convivial ni automatique que Syncthing/Resilio.
  • OwnCloud / Nextcloud : ce ne sont pas des solutions P2P, mais plutôt des clouds privés self-hosted. On les cite car souvent la question se pose entre “tout centraliser sur un serveur interne (Nextcloud) ou partir sur du P2P distribué (Syncthing)”. Nextcloud offre une expérience type Dropbox avec un serveur que vous hébergez vous-même. Il assure la synchro via client-serveur. L’avantage : un point central (et donc un backup facile, des contrôles d’accès unifiés) ; l’inconvénient : un serveur à maintenir, une charge centralisée, et moins de rapidité si les clients sont sur le même LAN (tout doit transiter par le serveur). Le choix dépend des besoins : P2P excelle pour le direct et la décentralisation, client-serveur est plus simple pour la centralisation et certains workflows (pensez gestion de documents partagés avec lock, etc., ce que propose Nextcloud).
  • ShareDrop, Magic Wormhole, etc. : il existe des outils P2P pour le partage ponctuel de fichiers. Par exemple, ShareDrop permet à deux utilisateurs de s’envoyer un fichier directement via leurs navigateurs (WebRTC P2P) – c’est une sorte d’AirDrop en web. Magic Wormhole est un outil en ligne de commande permettant à deux ordinateurs d’établir une connexion P2P sécurisée pour transférer un fichier unique. Ces services sont très pratiques pour l’envoi one-shot, mais ne gèrent pas la synchronisation continue de dossiers. Ils peuvent être mentionnés comme alternatives lorsqu’on n’a pas besoin d’une synchro permanente mais juste de transférer un gros fichier de temps en temps de manière sécurisée (sans passer par WeTransfer ou autre).
  • IPFS (InterPlanetary File System) : c’est un protocole de stockage distribué en P2P, où les fichiers sont adressés par leur empreinte cryptographique et répliqués sur un réseau décentralisé. IPFS est plus une infrastructure qu’un outil clé en main pour la synchronisation personnelle. Néanmoins, on pourrait imaginer l’utiliser pour publier des fichiers que d’autres vont récupérer en P2P. Dans un contexte d’entreprise, ce n’est pas vraiment un remplaçant de Syncthing/Resilio, c’est plus proche du web distribué ou des réseaux blockchain de stockage. On le mentionne juste pour être complet sur les technologies P2P émergentes.

En somme, Syncthing et Resilio Sync restent les solutions P2P les plus pertinentes en 2025 pour qui veut synchroniser des fichiers entre plusieurs machines sans serveur central. L’une privilégie l’ouverture et le contrôle, l’autre la simplicité et les fonctionnalités avancées propriétaires. Le choix entre les deux dépend de vos priorités, comme nous allons le voir dans la section suivante sur les enjeux de sécurité, performance et souveraineté.

Sécurité, confidentialité et souveraineté : que retenir ?

Les aspects sécurité et confidentialité des données sont souvent la motivation première pour adopter une solution P2P privée plutôt qu’un service cloud public. Examinons comment Syncthing et Resilio répondent à ces enjeux, et ce que cela implique en termes de souveraineté numérique.

Chiffrement et accès aux données

Sur le plan du chiffrement des communications, les deux solutions offrent un très bon niveau de protection. Syncthing chiffre tous les échanges via TLS (protocole SSL/TLS 1.3), ce qui équivaut à la sécurité d’une connexion bancaire en HTTPSclubic.com. Resilio Sync utilise de son côté un chiffrement AES 128 bits en mode CBC avec échange de clés Diffie-Hellman (détails issus de BitTorrent Sync) – ce qui, en pratique, est tout aussi sûr pour empêcher l’écoute du traficclubic.com. Dans les deux cas, le chiffrement est de bout en bout : un fichier envoyé n’est déchiffrable que par les appareils autorisés à le recevoir. Si des données transitent par un relais ou un serveur tiers (de découverte), elles restent chiffrées. Cette architecture “zero-knowledge” garantit qu’un hébergeur intermédiaire (ou un attaquant sur le réseau) ne puisse pas lire vos fichiers.

En termes d’authentification des pairs : Syncthing requiert une approbation manuelle des appareils (couplée à l’échange de certificats TLS), ce qui rend quasiment impossible à un intrus de s’insérer dans votre sync sans que vous l’ayez explicitement ajouté. Resilio Sync, basé sur des clés de partage, mise sur la confidentialité des secrets : tant que vous ne divulguez pas le lien ou la clé secrète de votre dossier, personne ne peut s’y joindre. C’est sûr, mais cela signifie qu’il faut transmettre ces clés de façon sécurisée (ex : pas par un email non chiffré si c’est très sensible, privilégier un canal de confiance). On notera que Resilio offre des options de révocation : on peut à tout moment supprimer un appareil de la liste des pairs autorisés d’un dossier, ou générer une nouvelle clé secrète pour exclure d’anciens liens.

Aucun des deux outils ne chiffre les données au repos par défaut (c’est-à-dire sur disque une fois synchronisées). Si vos machines sont compromises, les fichiers sont visibles comme n’importe quel fichier normal. La sécurité repose donc sur celle de vos endpoints : il convient de chiffrer vos disques durs si c’est une politique chez vous, ou d’utiliser les options du système d’exploitation (BitLocker, FileVault…) pour protéger les données stockées localement. Il existe toutefois une fonctionnalité astucieuse dans Resilio : on peut ajouter un « peer chiffré » à un partage. Ce peer va recevoir les blocs de données chiffrés, sans jamais pouvoir les déchiffrer, et les stocker tels quels. Il sert en fait de nœud de réplication sécurisé. Cela peut être utile si, par exemple, vous voulez sauvegarder vos fichiers sur un VPS externe non fiable : vous installez Resilio en mode “Encrypted Folder” sur ce VPS, il synchronisera tout mais restera incapable de lire vos données (ce peer n’a pas la clé de déchiffrement). Ensuite, si un jour vous avez un sinistre, vous pouvez reprendre les données de ce peer chiffré et les resynchroniser vers un peer normal qui, lui, les déchiffrera. Syncthing n’a pas d’équivalent direct à cette fonction (on pourrait chiffrer au niveau du système de fichiers ou conteneur, mais ce n’est pas natif dans l’outil). Donc pour des sauvegardes chiffrées sur un site tiers, Resilio marque un point.

Vulnérabilités et fiabilité

En matière de vulnérabilités logicielles, l’open source a l’avantage de la transparence : Syncthing étant auditable, la communauté peut repérer et signaler d’éventuelles failles. À ce jour, Syncthing n’a pas connu de faille majeure publique d’intégrité ou confidentialité (ce qui ne veut pas dire qu’il est parfait, mais rien de dramatique n’a été révélé). Resilio, du fait de son code fermé, repose sur les audits internes de la compagnie. On peut supposer qu’ils y mettent les moyens, étant donné la base utilisateur entreprise, mais on n’a pas de visibilité. Aucun incident de type “fuite de données” via Resilio Sync n’a été rapporté non plus à notre connaissance. Il est donc raisonnable de penser que les deux sont sûrs d’utilisation si correctement configurés.

La fiabilité est importante aussi : perdre des fichiers ou avoir des données corrompues serait un cauchemar. Les deux outils conservent des bases de données d’index robustes (en cas de corruption d’une base locale, il est possible de la regénérer en rescannant les fichiers). Certains utilisateurs ont rapporté des soucis avec Resilio dans le passé : par exemple, des fichiers placés en Archive sans explication, ou des conflits mal gérés pouvant aboutir à des pertes de fichiersforum.resilio.com. Un intervenant mentionnait avoir “perdu des fichiers trop souvent avec Resilio pour dormir tranquille”forum.resilio.com, tandis qu’un autre gérait 60 peers et 2 To sans perteforum.resilio.com – les expériences varient. Syncthing, de son côté, a beaucoup travaillé sur les mécanismes de résolution de conflits et la robustesse face aux déconnexions brutales. Le LWN (magazine Linux) écrivait d’ailleurs : « Les développeurs semblent avoir fait le nécessaire pour créer un système capable, fiable, sécurisé, et qui offre de bonnes performances, tout en restant facile à configurer », soulignant que peu de projets libres allient autant la technique et l’ergonomieen.wikipedia.org. Cette remarque indique que Syncthing a atteint un niveau de maturité satisfaisant pour un usage pro. En pratique, que ce soit Syncthing ou Resilio, il est fortement conseillé d’activer les options de versionnage/sauvegarde pour parer aux erreurs humaines ou bugs éventuels. Un plan de sauvegarde externe (par exemple, une sauvegarde hebdo du serveur principal) est toujours prudent : la synchronisation ne remplace pas complètement une politique de backup.

Souveraineté numérique et indépendance

Pour plusieurs organisations (institutions gouvernementales, entreprises traitant des données critiques, etc.), la souveraineté numérique et l’autonomie sont des critères décisifs dans le choix des outils numériques. Cela concerne particulièrement le Québec et le Canada, où des experts ont récemment déploré une dépendance excessive aux solutions américaines et aux logiciels fermés, appelant à investir dans des alternatives locales ou open sourcereddit.comreddit.com.

Dans ce contexte, Syncthing apparaît comme une solution alignée avec ces valeurs : logiciel libre développé de façon communautaire (dont l’Europe est d’ailleurs très utilisatrice), pas de transfert de données à l’étranger, pas de verrou propriétaire. Une entreprise québécoise qui adopte Syncthing garde ses données chez elle (sur ses propres serveurs ou postes) et peut même contribuer au projet ou le modifier selon ses besoins. On peut ainsi parler de souveraineté des données : vos fichiers ne sont pas soumis aux lois d’un autre pays via un hébergeur tiers. Même les serveurs de découverte Syncthing (s’ils sont utilisés) ne stockent que des adresses IP et ID, rien de sensible, et il serait possible de les héberger au Canada si on le souhaite. Par comparaison, utiliser OneDrive ou Dropbox implique de stocker potentiellement hors du pays, avec des obligations légales (Cloud Act, Patriot Act) qui peuvent permettre à des gouvernements étrangers d’accéder aux données. Éviter cela est un enjeu de sécurité nationale selon certainsreddit.comreddit.com.

Resilio Sync, bien que ne stockant pas vos fichiers en cloud, reste un produit d’une entreprise basée aux États-Unis (l’équipe est répartie, mais juridiquement Resilio Inc. est US). Il y a donc un contrat de licence à accepter, potentiellement du transfert de métadonnées (le logiciel pourrait envoyer des infos d’usage ou d’erreurs aux serveurs Resilio – même si rien de tel n’est clairement mentionné sans consentement, on n’a pas la transparence du code). Pour une entreprise qui veut minimiser sa dépendance à des éditeurs étrangers, ce facteur peut être un frein. Cela dit, comparé à envoyer ses données sur Azure/AWS, utiliser Resilio reste beaucoup plus souverain (les données brutes ne quittent pas vos machines). On pourrait le voir comme un compromis : indépendance partielle (pas de cloud, mais logiciel non-maîtrisé).

En somme, du point de vue “liberté vs confort”, Syncthing incarne la liberté totale (mais nécessite un peu plus de compétences), Resilio offre un confort au prix d’une dépendance. À l’échelle d’une PME, la différence peut sembler théorique, mais à l’échelle d’une administration publique, elle prend du poids (d’autant que les gouvernements encouragent de plus en plus le recours au libre et aux solutions locales pour ne pas échapper la souveraineté numérique). Comme le formule un internaute : « Il faut explorer des solutions qui ne dépendent pas de code privé obscur, quitte à financer directement les projets open-source »reddit.com. Syncthing est typiquement le genre de projet open-source qu’une collectivité pourrait adopter et soutenir, plutôt que de payer des licences à une compagnie étrangère.

Exemples concrets d’utilisation en entreprise

Pour illustrer ces concepts, rien de tel que des cas d’utilisation réels. Voici quelques exemples crédibles de la manière dont Syncthing ou Resilio Sync peuvent être mis en œuvre dans un contexte professionnel, avec les bénéfices obtenus.

  • Montage vidéo collaboratif multi-sites : Une agence de production vidéo basée à Montréal avec des monteurs répartis dans plusieurs villes doit travailler sur les mêmes projets volumineux (plusieurs téraoctets de rushes vidéo par projet). Plutôt que de faire transiter ces énormes fichiers via un serveur central ou des disques durs externes envoyés par la poste, l’agence a mis en place Syncthing. Un serveur de stockage principal est installé au siège ; chaque monteur, chez lui, a un NAS ou un PC dédié configuré en « noeud de synchronisation ». Syncthing synchronise en continu le dossier de projet entre le serveur du bureau et les 7 monteurs distantsreddit.com. Dès qu’un monteur importe de nouveaux rushes ou modifie une séquence, les données se propagent aux autres. Aujourd’hui, environ 5 To de données sont ainsi synchronisés entre tout le monde, et cela augmente rapidement au fil des projetsreddit.com. L’entreprise prévoit même de segmenter en deux groupes de synchronisation pour limiter la bande passante, chaque monteur n’ayant qu’une partie des projets selon ses besoinsreddit.com. Ce retour d’expérience montre que Syncthing peut supporter de gros volumes (plusieurs To) et de nombreux nœuds. Le directeur technique de l’agence témoigne que « le logiciel est très fiable, aucune supervision constante n’a été nécessaire » et que cela a révolutionné leur flux de travail. Un des avantages notés est la vitesse : les monteurs locaux à Montréal reçoivent les données via le LAN en gigabit (lorsqu’ils sont au bureau), tandis que les monteurs distants récupèrent les changements par Internet la nuit. Finies les longues attentes pour télécharger des rushes : chacun a une copie locale synchronisée, ce qui permet même de travailler en mode hors-ligne (sur la copie en local) et de laisser la synchro se faire dès que la connexion est disponible. Ce genre de solution P2P a ainsi permis à l’agence d’économiser l’achat d’un coûteux serveur cloud et de sécuriser la confidentialité (les rushes de clients restent internes).
  • Synchronisation de dossiers de travail entre PC et portables : Prenons le cas d’une PME de design graphique (10 employés). Ils manipulent des fichiers Adobe Illustrator, Photoshop, etc., stockés sur un NAS au bureau. Avec le télétravail partiel, ils avaient besoin que chacun puisse avoir les fichiers à jour sur son ordinateur portable à la maison. Au lieu d’utiliser Dropbox (problèmes de coût et de confidentialité pour des maquettes clients), ils ont opté pour Resilio Sync. Chaque employé a Resilio installé sur son poste fixe au bureau et sur son laptop. Un dossier “Projets” est synchronisé P2P via le NAS central qui reste allumé au bureau. Ainsi, le soir, un employé en télétravail a déjà sur son laptop tous les fichiers mis à jour pendant la journée. S’il fait des modifications la nuit, son PC du bureau les recevra via le NAS. La direction a apprécié la simplicité d’usage de Resilio : les designers, pas très “IT”, n’ont eu qu’à cliquer sur un lien d’invitation pour joindre le dossier partagé, et tout s’est mis en place. Ils utilisent la fonction synchronisation sélective parce que le dossier complet fait 500 Go, et tous les projets n’intéressent pas tout le monde. Chaque designer télécharge localement les 2 ou 3 projets sur lesquels il travaille, le reste restant en placeholders. Cela économise de l’espace sur les SSD des laptops et évite de synchroniser inutilement 500 Go sur 10 machines (ce qui ferait 5 To de trafic !). En cas de réunion client, le commercial de la PME utilise l’appli mobile Resilio sur iPad pour accéder rapidement à un PDF ou une image dans le dossier partagé – sans connexion Internet requise une fois les fichiers synchronisés en local. Ce scénario montre comment une sync P2P peut remplacer avantageusement un service cloud en offrant plus de contrôle : les données restent sur le NAS de l’entreprise (sauvegardé régulièrement), et aucun fournisseur tiers n’y a accès, tout en donnant la flexibilité du mobile et du télétravail.
  • Sauvegarde et duplication de serveurs entre sites : Imaginons une entreprise manufacturière avec deux usines, l’une à Québec, l’autre à Sherbrooke. Chaque site génère des données (rapports de production, plans, etc.) qu’il faut absolument sauvegarder et mettre à disposition du siège à Montréal. Plutôt que de dépendre d’une connexion internet potentiellement lente pour accéder aux fichiers distants, ils décident de mettre en place une synchronisation multi-site. Un serveur Syncthing est installé dans chaque usine, synchronisant bidirectionnellement un ensemble de dossiers critiques (par exemple, “Qualité”, “Maintenance”, “RH local”). De plus, le siège à Montréal a un serveur central qui synchronise également ces dossiers depuis les deux sites (on peut configurer Syncthing pour qu’il y ait 3 copies – site A, site B, siège). Ainsi, chaque site a localement les données de l’autre site et du siège, toujours à jour. Si la liaison internet tombe, pas de souci : chaque site peut continuer à travailler sur sa copie locale et la synchronisation se rattrapera quand le lien reviendra. C’est une forme de redondance géographique via P2P. Cette entreprise a apprécié la réduction des temps d’accès : les employés de Sherbrooke ouvrent les fichiers comme si tout était en local (puisque ça l’est, grâce à Syncthing), alors qu’avant ils devaient monter un partage réseau sur le serveur de Québec via VPN, avec lenteur. Côté sauvegarde, le fait que le siège reçoive tout assure une copie additionnelle. Ils combinent cela avec le versionnage Syncthing (chaque suppression va dans .stversions et y reste 30 jours) pour pallier toute erreur. Ce cas d’usage montre bien la force du P2P en multi-site : plus de serveur unique qui si il tombe rend tout inaccessible, chaque site devient un nœud équivalent. C’est un modèle plus résilient et souvent plus performant localement.
  • Partage de documents confidentiels entre partenaires : Un cabinet d’avocats souhaite échanger des documents volumineux avec un partenaire expert-comptable pour un dossier client, de manière sécurisée. Plutôt que d’utiliser des courriels (non sécurisés pour de gros docs) ou un service cloud (risque de brèche, ou gestion compliquée des droits), ils se mettent d’accord pour utiliser Resilio Sync en créant un dossier partagé chiffré. L’avantage est que seuls les PC des deux parties ont les fichiers (pas de copie chez un cloud provider). Ils peuvent aisément ajouter de nouveaux documents qui seront reçus en quelques minutes de l’autre côté. La traçabilité est aussi un bénéfice : Resilio permet de voir quels fichiers sont en cours de sync ou la date de dernière sync, donc on sait quand l’autre partie a reçu le document. Ce type d’utilisation point-à-point est un peu comme un FTP moderne, mais en mieux car automatique dès qu’on dépose le fichier, et chiffré de bout en bout. Naturellement, cela pourrait être fait avec Syncthing aussi – ici le choix de Resilio peut être motivé par la simplicité du lien d’invitation pour le partenaire non technique. Ce cas illustre comment le P2P peut aussi servir au partage inter-entreprises sécurisé, sans infrastructure lourde.
  • Sauvegarde de parc informatique dispersé : Une petite société de services informatiques gère la maintenance de plusieurs petites cliniques médicales en région. Plutôt que de mettre en place un serveur de backup coûteux par clinique, ils déploient Syncthing sur les PC de chaque site (chacun a un NAS local). Ils configurent Syncthing pour que chaque NAS de clinique envoie ses sauvegardes chiffrées vers un serveur central situé au siège de la société de service (en réception-only). Grâce au mode “receive-only” et en chiffrant les données sur chaque site (via l’outil de backup local), le serveur central agrège toutes les sauvegardes sans jamais manipuler de données en clair. C’est une architecture P2P (chaque clinique est un pair envoyant vers le pair central). Cela s’apparente à du client-serveur, certes, mais en utilisant Syncthing ils bénéficient de la robustesse aux coupures (si une connexion réseau est instable, Syncthing reprend tranquillement là où il s’est arrêté, sans nécessiter d’intervention) et de l’efficacité (transfert compressé, etc.). De plus, ils n’ont pas eu à ouvrir plein de ports ou configurer des VPN complexes : Syncthing gère tout seul la traversée NAT. Ce genre d’utilisation détournée (synchronisation one-way pour backups) est assez courant et prouve la flexibilité du P2P sync.

Ces exemples variés démontrent que les solutions P2P comme Syncthing et Resilio Sync trouvent leur place dans de nombreux secteurs : audiovisuel, design, industrie, services, juridique… Partout où il y a des fichiers à partager et où l’on souhaite garder la main sur son infrastructure, elles apportent rapidité, confidentialité et autonomie. Évidemment, elles demandent parfois une phase initiale de mise en place par un informaticien, mais une fois en place, ce sont souvent des “rouleaux compresseurs” discrets qui font le travail en coulisses, 24h/24.

Conclusion : quelle solution pour quel besoin ?

En conclusion, le partage de fichiers en P2P s’impose comme une alternative crédible et efficace aux services cloud centralisés, surtout dans un contexte professionnel soucieux de sécurité ou de contraintes de réseau. Syncthing et Resilio Sync, chacun à leur manière, incarnent cette approche décentralisée. Alors, que choisir ? Cela dépend de vos priorités :

  • Si votre priorité est la souveraineté, la transparence et l’autonomie : Syncthing est le choix naturel. Logiciel libre, aucun compte à créer, données maîtrisées de bout en bout. Il convient aux organisations qui valorisent l’open source, qui veulent éventuellement intégrer la solution sur mesure, ou qui ont des politiques strictes sur les logiciels approuvés. Syncthing sera aussi apprécié des équipes techniques aimant comprendre et contrôler leur infrastructure. De plus, son coût nul permet de l’adopter largement sans impact budgétaire. En contrepartie, soyez prêts à investir un peu de temps dans la configuration initiale et la prise en main (documentation, tests). Syncthing excelle dans des cas comme “je veux mon propre Dropbox maison sécurisé”, “je veux synchroniser nos sites sans point central vulnérable” ou “je veux unifier les fichiers de l’équipe sans payer un cloud”. Si vous avez un administrateur système à l’aise, il pourra déployer Syncthing sur vos postes et serveurs assez rapidement et vous offrir une solution robuste et indépendante.
  • Si votre priorité est la simplicité d’utilisation, les fonctionnalités avancées et le support : Resilio Sync aura votre faveur. Pour des utilisateurs finaux non techniques, son interface et son processus d’invitation par lien seront plus accessibles. Si vous avez absolument besoin de la synchronisation sélective, c’est presque un argument définitif en faveur de Resilio (en tout cas tant que Syncthing ne la propose pas nativement). Sur des postes avec peu d’espace ou si tout le monde ne doit pas tout recevoir, la sync à la demande est un must. De même, sur mobile iOS, Resilio offre une expérience que Syncthing n’égale pas encore. Enfin, si votre entreprise souhaite pouvoir appeler un support en cas de souci ou aime l’idée d’avoir une version Enterprise évolutive, Resilio peut rassurer. Pensez toutefois au coût des licences : pour 5, 10, 50 utilisateurs, calculez le budget et assurez-vous que les bénéfices (sélective sync, support, etc.) le justifient par rapport à Syncthing gratuit. Dans bien des cas, le gain de temps utilisateur et la praticité justifieront le coût. Resilio est particulièrement recommandé pour des scénarios comme “on veut synchroniser 2 NAS distants très rapidement”, “on a 10 commerciaux itinérants sur iPad qui doivent accéder aux docs à jour”, ou “on a des centaines de giga de médias à partager mais chacun n’en consomme qu’une partie”. Là, Resilio brillera.
  • Sécurité et confidentialité : Sur cet aspect, les deux outils sont excellents, mais Syncthing prend l’avantage pour les environnements ultra-sensibles grâce à son code auditable. Si vous manipulez des données hautement confidentielles et que chaque ligne de code doit être vérifiée (secteur défense, médical, etc.), Syncthing s’intègre mieux dans une politique de sécurité zero-trust. Resilio n’est pas faible pour autant : son chiffrement est solide et il n’y a pas de cloud tiers, donc pour 99% des usages pro la confidentialité sera assurée. En cas de besoin de certifications ou conformité (ISO, RGPD, etc.), notez que c’est à vous de les gérer car ni Syncthing ni Resilio n’ont d’attestation externe (puisqu’il n’y a pas de service tiers certifiable). Ce sont des outils autohébergés : la sécurité finale dépendra aussi de comment vous les utilisez (chiffrer les disques, gérer les accès utilisateur, etc.).
  • Performance et volumes de données : Pour synchroniser d’énormes ensembles de fichiers, vous ne serez pas déçus ni par Syncthing ni par Resilio. Resilio a un léger avantage historique sur la rapidité brute (optimisé BitTorrent) – si vous synchronisez régulièrement des dizaines de To et que chaque minute compte, peut-être Resilio Connect vaut-il la peine d’être évalué. Syncthing n’est cependant plus très loin en termes de perf, et il est très efficace sur les LANs par exemple. Si votre cas d’usage est la synchro sur un même site local, Syncthing est parfait (il découvre les pairs localement et sync en direct à pleine vitesse). Si c’est de la synchronisation mondiale sur internet, Resilio peut mieux gérer la latence ou les multi-sources. Dans tous les cas, le goulot d’étranglement sera souvent votre réseau : assurez-vous d’avoir de bons débits si vous voulez synchroniser rapidement (les solutions P2P ne font pas de miracles si vous n’avez qu’une connexion ADSL… dans ce cas l’envoi prendra du temps dans tous les cas).
  • Mobilité et multiplateforme : Si vos utilisateurs sont très mobiles ou que vous devez impérativement inclure des smartphones/tablettes dans le schéma de synchronisation, Resilio est plus prêt actuellement. Par contre, pour un usage purement PC/serveurs, Syncthing suffit amplement. Certains font même cohabiter les deux : par exemple Syncthing entre serveurs et PCs, mais l’app Resilio sur iPhone pour récupérer certains fichiers (sans forcément tout synchroniser). Ce n’est pas idéal mais ça montre qu’on peut être pragmatique et utiliser chaque outil là où il excelle.

En conclusion, il n’y a pas de vainqueur absolu : Syncthing conviendra à ceux qui veulent un outil libre, maîtrisé de bout en bout, avec un maximum de confidentialité et sans coût, tandis que Resilio Sync conviendra à ceux qui privilégient la simplicité et des fonctions premium comme la sync à la demande, tout en acceptant une solution propriétaire. Dans tous les cas, ces solutions P2P offrent une alternative puissante aux modèles centralisés. Elles redonnent aux utilisateurs le contrôle de leurs données, améliorent souvent les performances internes (notamment en LAN ou inter-sites), et éliminent la dépendance à une connexion internet permanente pour accéder à ses fichiers (puisque chaque appareil a une copie locale synchronisée).

Pour de nombreuses entreprises québécoises (et ailleurs), cela peut signifier des économies (moins de serveurs externes, moins d’abonnements) et un gain en sérénité quant à la confidentialité des informations. Bien sûr, mettre en place une telle solution nécessite une petite réflexion (architecture P2P, qui héberge quoi, plan de reprise en cas de panne de plusieurs nœuds, etc.), mais une fois opérationnelle, elle peut fonctionner en arrière-plan de manière remarquablement fiable.

Envisagez donc ces outils pour vos prochains projets de partage de fichiers : que ce soit Syncthing ou Resilio Sync, vous pourriez bien y trouver le meilleur des deux mondes : la synchronisation facile comme dans le cloud, sans le cloud.


Sources et bibliographie

  • Wikipedia (FR)Partage de fichiers en pair-à-pairfr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org – (définition et avantages techniques du P2P).
  • Documentation Ubuntu-FRSyncthingdoc.ubuntu-fr.org – (présentation de Syncthing, logiciel libre de synchronisation P2P sécurisé).
  • Clubic – Comparatif 2025 des outils de synchronisationclubic.comclubic.com – (sections sur Resilio Sync et Syncthing, avantages, chiffrage, communauté, note).
  • Reddit (r/Syncthing)Comment utilisez-vous Syncthing ?reddit.comreddit.com – (témoignage d’un utilisateur entreprise synchronisant 5 To de projets vidéo entre 7 éditeurs avec Syncthing).
  • Reddit (r/Quebec)Discussion sur la souveraineté numériquereddit.com – (commentaires d’experts sur l’importance de solutions sans code privé et du contrôle des données au Québec).
  • Forum ResilioResilio vs Syncthingforum.resilio.comforum.resilio.com – (échanges sur les différences de fonctionnalités Pro : synchronisation sélective, dossier chiffré, scheduler, et approche orientée pairs vs appareils).
  • TrueNAS CommunitySyncthing vs Resilio Sync speedtruenas.com – (retour d’un utilisateur constatant des vitesses supérieures “out-of-the-box” avec Resilio sur un réseau Gigabit).
  • Wikipedia (EN)Syncthingen.wikipedia.orgen.wikipedia.org – (détails techniques sur Syncthing : protocole, sécurité TLS, versioning, citation élogieuse de LWN sur la fiabilité).
  • Forum ResilioSync Storiesforum.resilio.comforum.resilio.com – (expérience d’utilisateurs avancés de Resilio : fiabilité, problèmes de support, atout de la sync sélective, etc.).
Remplacer Bit.Ly et cie
Link Tracker d’Odoo Community, une alternative professionnelle, intégrée et souveraine pour la gestion de liens courts et le suivi marketing