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Succès récents de l’adoption des logiciels libres dans des entreprises de toutes tailles

TL;DR

Trois entreprises, trois tailles, un point commun : le libre les a aidées à gagner en efficacité et en autonomie.

  • TPE – StepEarly (e-commerce de mobilier)
    A remplacé Excel et outils isolés par l’ERP libre ERPNext → meilleure traçabilité des commandes, automatisation du suivi client, moins d’erreurs.
    ➜ Résultat : service client plus rapide et fiable, croissance facilitée.
  • PME – Van Dyk Trucks (réparation de camions)
    A centralisé CRM, stock et facturation avec ERPNext → moins de saisies manuelles, coordination en temps réel entre atelier, pièces et comptabilité, suivi précis des pièces consignées.
    ➜ Résultat : délais réduits, productivité et rentabilité accrues.
  • TGE – Walmart (distribution)
    A construit un cloud privé basé sur OpenStack et Kubernetes pour éviter la dépendance aux fournisseurs publics.
    ➜ Résultat : millions $ économisés, déploiements 1 700× plus rapides, maîtrise stratégique de l’infrastructure.

Points communs : réduction des coûts, intégration des données, amélioration du service, indépendance technologique.

Différences : Échelle et ressources mobilisées (implantation rapide pour TPE, infrastructure massive pour TGE), objectifs spécifiques (structurer la base vs optimiser à grande échelle), type de logiciel libre adopté (ERP vertical vs infrastructure cloud).

Intro 

Les logiciels libres et open source (FOSS) ne sont plus l;a chasse gardée d'informaticiens éclectiques : de la très petite entreprise jusqu’au géant multinational, de plus en plus d’entreprises adoptent des solutions libres pour gagner en efficacité et en autonomie. Nous présentons ici trois histoires de succès concrètes (entre 2020 et 2022) d’adoption de logiciels libres, chacune illustrant un type d’entreprise au Québec, au Canada ou ailleurs : une très petite entreprise (TPE), une petite ou moyenne entreprise (PME), et une très grande entreprise (TGE). Pour chaque cas, nous détaillons le nom de l’entreprise et son secteur, les logiciels libres adoptés, les raisons de ce choix, les bénéfices obtenus, ainsi que les défis rencontrés et surmontés. Enfin, nous analyserons les similitudes et différences selon la taille et le secteur d’activité, avant de conclure sur les leçons à en tirer.

Cas n°1 : StepEarly – Une micro-entreprise qui optimise la vente de meubles en ligne (TPE)

Profil de l’entreprise : StepEarly est une très petite entreprise fondée en 2020, spécialisée dans la vente en ligne de mobilier de bureaufrappe.io. C’est une jeune startup d’e-commerce qui s’est lancée avec l’ambition de « révolutionner l’achat de meubles en ligne » et d’éliminer les irritants courants pour les clientsfrappe.io. Son fondateur, fort de 10 ans d’expérience dans le secteur du meuble, souhaitait offrir des produits de qualité tout en garantissant des prix justes et un excellent service client.

Logiciel libre adopté : Pour gérer ses opérations, StepEarly a fait le choix d’un progiciel de gestion intégré open source, ERPNext (système ERP libre), incluant des modules de CRM et de gestion des stocks. L’entreprise a préféré cette solution libre plutôt que de recourir à un ERP propriétaire comme SAP Business One ou Oracle, car ERPNext est « 100% FOSS » (entièrement libre), hautement personnalisable et pérenne (« future-ready ») selon les termes du projetfrappe.io. Ce choix permettait à StepEarly de garder le contrôle sur son outil de gestion sans payer de coûteuses licences, tout en l’adaptant précisément à ses besoins.

Raisons du choix du libre : Dès sa première année d’activité, StepEarly a été confrontée aux limites de ses outils initiaux (comme le logiciel de comptabilité Tally). Plusieurs goulots d’étranglement opérationnels les ont poussés vers une solution libre plus intégrée. Par exemple, le suivi des prospects et des ventes manquait de visibilité ; des commandes clients se perdaient faute de traçabilité dans le pipeline commercial ; et il n’y avait aucun système unifié pour suivre chaque commande de sa confirmation jusqu’à la livraison, ce qui nuisait à l’expérience clientfrappe.iofrappe.io. En résumé, la jeune entreprise peinait à suivre les performances de chaque vendeur et à coordonner ventes et achats, et « l’absence de traçabilité au moment de la confirmation de commande » entraînait des erreurs et de l’insatisfaction clientfrappe.io. Plutôt que d’investir dans un logiciel propriétaire coûteux, StepEarly a donc opté pour un ERP open source afin de centraliser et automatiser sa gestion, tout en évitant le verrouillage propriétaire. La possibilité d’intégrer facilement des services tiers (ex: la plateforme de leads IndiaMART) et d’automatiser les communications a également motivé ce choixfrappe.io.

Résultats et bénéfices observés : L’adoption d’ERPNext chez StepEarly a transformé ses opérations en à peine six semaines. Grâce à une implémentation personnalisée, chaque commande de vente est désormais liée à ses achats fournisseurs correspondants, offrant une visibilité de bout en bout et réduisant les écartsfrappe.io. Le système capture automatiquement les prospects en ligne, éliminant les saisies manuelles et accélérant les suivisfrappe.io. Tous les services (ventes, design, approvisionnement) travaillent maintenant sur une plateforme unique en temps réel, ce qui améliore la collaboration et la transparencefrappe.io. Concrètement, StepEarly a constaté une amélioration de la précision des commandes (moins d’erreurs ou de commandes « égarées ») grâce à la meilleure traçabilitéfrappe.iofrappe.io. Les réponses aux clients sont plus rapides, ce qui augmente le taux de conversion des ventesfrappe.io. Le traitement des tâches a été accéléré, réduisant les délais et rendant les opérations plus fluides pour l’équipefrappe.io. Dès qu’un client passe commande, il reçoit désormais un accusé de réception automatique, ce qui instaure une transparence et une confiance accrues dès le départfrappe.io. Le système garde l’historique de toutes les modifications de devis et commandes, évitant les malentendus ultérieurs et améliorant la communication internefrappe.io. Enfin, chaque membre de l’équipe peut voir en un coup d’œil l’état d’un projet ou d’une commande et identifier et qui doit agir, ce qui a levé de nombreux obstacles et permis de résoudre les problèmes plus vitefrappe.io. Tous ces gains se sont traduits par une satisfaction client en hausse notable et un renforcement de la confiance dans la jeune marque StepEarlyfrappe.io.

Défis rencontrés et solutions : Pour une si petite structure, le principal défi était d’implémenter un ERP complet sans perturber l’activité. StepEarly a fait appel à un intégrateur spécialisé pour paramétrer ERPNext selon ses besoins spécifiques (par exemple, intégrer la source de leads IndiaMART ou automatiser les emails)frappe.io. La formation de l’équipe au nouvel outil a été facilitée par la collaboration étroite avec les experts : le fondateur Shashikant Tapre souligne que la mise en production s’est faite « en six semaines, avec une équipe (d’implémentation) amicale et professionnelle qui a rendu l’expérience fluide »frappe.io. En d’autres termes, la TPE a surmonté le défi du déploiement grâce à un accompagnement externe et à la flexibilité du logiciel libre, ce qui lui a permis de rapidement profiter des bénéfices sans subir de longs mois de transition.

Cas n°2 : Van Dyk Trucks – Une PME de services qui unifie ses processus (PME)

Profil de l’entreprise : Van Dyk Trucks est une PME nord-américaine spécialisée dans la réparation et la maintenance de poids lourds (flotte de camions). C’est un prestataire de service mécanique qui s’est forgé une réputation de réparations rapides et de qualité pour les camions de ses clientsfrappe.io. On peut situer sa taille dans la fourchette des PME, avec plusieurs dizaines d’employés (mécaniciens, gestionnaires de pièces, personnel administratif).

Logiciel libre adopté : Confrontée à des difficultés de gestion, Van Dyk Trucks a décidé de migrer vers ERPNext, le même ERP open source utilisé par StepEarly, afin de gérer l’ensemble de son cycle de réparation dans un système intégréfrappe.io. Les modules libres déployés incluent la gestion de la relation client (CRM), la gestion des stocks de pièces détachées, la gestion des ventes/devis et même un module de projet pour suivre chaque ordre de réparationfrappe.io. Autrement dit, la PME a adopté un système de gestion 100% open source en remplacement de son assemblage d’outils hétéroclites.

Raisons du choix du libre : Avant ce changement, Van Dyk Trucks utilisait une combinaison d’outils disparates : beaucoup de feuilles de calcul Excel, des e-mails, QuickBooks pour la comptabilité, Word pour des bons de commande, etc.frappe.io. Cette dépendance à des logiciels séparés et non intégrés entraînait de nombreuses erreurs et lenteurs. Les données clients, les historiques d’entretien des camions et les coûts se trouvaient « éparpillés dans plusieurs systèmes », rendant le suivi des réparations et de la rentabilité difficilefrappe.io. La coordination entre les mécaniciens, le gestionnaire de pièces et la comptabilité se faisait manuellement, générant des goulots d’étranglement dans l’assignation des travaux, les validations et la facturationfrappe.io. Par ailleurs, le suivi en temps réel faisait défaut : impossible de savoir facilement où en était une réparation, quelle pièce manquait en stock ou si l’échéance serait tenue, ce qui occasionnait des retards et des incohérences d’inventairefrappe.io. Enfin, un problème spécifique au métier était la gestion des consignes (core charges : pièces usagées rendues pour remboursement) : sans système adapté, des crédits étaient mal suivis, causant des écarts financiersfrappe.io. Face à ces défis, la PME a choisi un logiciel libre pour plusieurs raisons : d’abord, un ERP libre comme ERPNext permet d’unifier toutes les fonctions dans une seule application (évitant la fragmentation des données). Ensuite, il est modifiable pour coller aux processus métiers particuliers (par exemple, intégrer la notion de consigne de pièces). Enfin, le coût a sans doute pesé : adopter une solution libre leur évitait l’achat d’une suite ERP propriétaire onéreuse, tout en bénéficiant d’une communauté et de partenaires capables de l’implémenter.

Résultats et bénéfices observés : La mise en place d’ERPNext a littéralement centralisé toutes les opérations de Van Dyk Trucks sur une plateforme unique couvrant « tout le cycle de réparation de camions, de l’ouverture du dossier client jusqu’à la facturation »frappe.io. Les bénéfices ont été immédiats. D’abord, l’automatisation et la centralisation ont drastiquement réduit les saisies manuelles et doublons de données, ce qui « fait gagner du temps et réduit les erreurs »frappe.io. Ensuite, la visibilité en temps réel a fait un bond en avant : désormais, le gestionnaire voit instantanément l’avancement des travaux, l’état des stocks et les indicateurs financiers via le tableau de bord unifiéfrappe.io. La collaboration entre équipes s’est améliorée, car mécaniciens, responsables des pièces et comptables travaillent tous dans le même système, avec des mises à jour instantanées plutôt que des échanges d’emails éparsfrappe.io. Concrètement, Van Dyk a observé une meilleure coordination interne et une diminution des retards et quiproquos : chaque tâche (du devis initial à la commande de pièce et à la facture) suit un flux prédéfini dans l’ERP, éliminant les oublis. La facturation est plus précise grâce au suivi automatisé des heures de main d’œuvre et à la génération rapide des devis/commandes à partir des données saisies par les mécaniciensfrappe.iofrappe.io. Les fameux core charges (consignes) sont maintenant gérés automatiquement dans l’ERP, qui suit quelles pièces usagées ont été retournées et crédite correctement le client, éliminant les pertes financières liées à un suivi manuel approximatiffrappe.iofrappe.io. Enfin, le délai global de traitement des réparations s’est raccourci : avec des workflows structurés et des notifications automatiques, les validations sont plus rapides et les goulets d’étranglement ont quasiment disparu, ce qui permet de rendre les camions aux clients plus vitefrappe.io. En somme, Van Dyk Trucks a professionnalisé sa gestion via le logiciel libre : moins de papier et d’Excel, plus de visibilité, et in fine un meilleur service au client (délais tenus, factures sans erreurs).

Défis rencontrés et solutions : La transition vers un ERP unique a nécessité de revoir les habitudes de l’entreprise. Au départ, la résistance au changement a pu être un enjeu classique : passer d’Excel à un logiciel intégré demande une adaptation du personnel. Van Dyk a surmonté cela en impliquant ses équipes dans le déploiement et en les formant aux nouveaux processus, souvent plus simples une fois maîtrisés. Un défi plus technique était la migration des données existantes (clients, historiques de maintenance, pièces en stock) vers le nouvel outil : grâce aux outils d’import d’ERPNext et à l’accompagnement du prestataire d’implémentation, la PME a pu consolider ses données dispersées dans la base de l’ERP sans perte d’information. Enfin, il a fallu personnaliser l’ERP pour des besoins spécifiques du secteur (par exemple, le suivi des consignes). Là encore, l’ouverture du code a permis d’ajouter des fonctionnalités adaptées. Au final, Van Dyk Trucks a pu « streamliner » (rationaliser) ses opérations de réparation de camions avec succès, comme le résume l’éditeur ERPNext : « ERPNext a efficacement rationalisé la gestion des réparations chez Van Dyk »frappe.io, en atteignant notamment une élimination des tâches manuelles redondantes et une visibilité en temps réel sur l’activitéfrappe.io. Ce succès s’est construit en levant progressivement chaque obstacle (données fragmentées, processus manuels) par une solution libre sur mesure.

Cas n°3 : Walmart – Un géant mondial optimise son nuage informatique open source (TGE)

Profil de l’entreprise : Walmart n’est plus à présenter : c’est l’une des plus grandes entreprises de commerce de détail au monde (environ 2,3 millions d’employés dans le monde), avec des magasins à travers les États-Unis, le Canada et de nombreux pays. Ce géant du retail gère un immense parc informatique pour ses opérations en magasin et en ligne. Vers 2020–2022, Walmart a entrepris d’accentuer sa stratégie « cloud hybride » en s’appuyant fortement sur des solutions open source pour son infrastructure technologique.

Logiciels libres adoptés : Walmart a mis en place son propre cloud privé basé sur OpenStack, une plateforme d’infrastructure cloud libre très répandue. OpenStack orchestre des dizaines de milliers de serveurs dans les centres de distribution et les magasins Walmart ; en 2022 Walmart faisait tourner plus de 10 000 serveurs OpenStack à travers ses 5 500 magasins et entrepôts. C’est « l’un des plus gros déploiements d’OpenStack au monde », selon Kevin Evans, vice-président des services d’infrastructure chez Walmart. En parallèle, Walmart a développé une plateforme cloud native interne fondée sur Kubernetes (un autre projet open source majeur) pour gérer ses applications conteneurisées. Cette plateforme maison, lancée en 2020, s’interface à la fois avec les clouds publics et le cloud privé OpenStack de Walmart. En somme, l’architecture technologique de Walmart marie du FOSS à tous les étages : OpenStack pour la partie IaaS (infrastructure), Kubernetes pour la couche de gestion des applications, et de nombreux outils open source d’automatisation développés en interne.

Raisons du choix du libre : La motivation première de Walmart était de reprendre le contrôle de ses coûts et de son destin technologique face aux géants du cloud public (Amazon AWS, Microsoft Azure, Google Cloud). Plutôt que d’être totalement dépendant d’un seul fournisseur externe, Walmart a voulu diversifier ses options. « Ne miser que sur AWS, Azure ou Google entraîne des coûts plus élevés que d’avoir la possibilité de choisir entre plusieurs plateformes », explique Kevin Evans, en insistant que « quelle que soit votre taille, avoir le choix vous aidera à maîtriser les coûts ». En construisant son propre cloud interne open source, Walmart s’est donné le choix d’exécuter ses applications soit sur ses propres infrastructures (basées sur OpenStack), soit sur les clouds publics, selon ce qui est le plus avantageux. L’open source était un levier idéal pour cela : OpenStack et Kubernetes sont gratuitement disponibles, hautement scalables et sans verrou propriétaire, permettant à Walmart d’adapter le code à ses besoins extrêmes. Par ailleurs, Walmart cherchant à concurrencer Amazon (y compris sur le terrain du cloud), il était stratégique de réduire sa dépendance vis-à-vis d’AWS. Le libre offre en outre la communauté et la confiance nécessaires : ce n’est pas un pari risqué puisque les plus grands acteurs (y compris des concurrents comme Tencent ou Bloomberg) utilisent aussi OpenStack et Kubernetes. Enfin, l’open source permet à Walmart d’innover plus vite en interne (pas de cycles d’achat logiciel, les ingénieurs peuvent déployer ou modifier les outils directement). L’entreprise a ainsi pu bâtir en 2020 son « Walmart Cloud Native Platform » sur Kubernetes pour homogénéiser le déploiement sur différents clouds, preuve de la flexibilité qu’offre le libre comparé à des solutions propriétaires figées.

Résultats et bénéfices observés : Les gains pour Walmart ont été spectaculaires à l’échelle d’une multinationale. En adoptant cette stratégie cloud hybride à base d’open source, Walmart a réussi à économiser des sommes colossales sur ses coûts informatiques. Dès 2022, la presse spécialisée titre que « l’architecture multi-cloud de Walmart a permis d’économiser des millions en coûts IT », tout en accélérant les développements. En effet, grâce à son cloud privé OpenStack, Walmart peut fournir à ses développeurs des ressources de calcul, stockage et réseau à un coût bien inférieur à celui des grands clouds publics. « Nous pouvons le faire à un coût bien plus bas », confirme Kevin Evans, en comparant leur cloud interne aux offres commerciales. Cette approche a réduit les dépenses cloud de 10 à 18 % par rapport à un scénario tout-public – ce qui représente des économies de plusieurs millions de dollars sur le budget IT. Par ailleurs, l’utilisation conjointe d’OpenStack et de Kubernetes a énormément accru l’agilité de l’organisation : Walmart effectue environ 170 000 déploiements d’applications par mois sur son site web, soit 1 700 fois plus qu’avec l’ancien système, grâce à cette infrastructure unifiée. L’environnement OpenStack interne de Walmart a atteint une échelle faramineuse : dès 2021, il dépassait le million de cœurs de calcul actifs, et continue de croître bien au-delà. Cette maîtrise d’un cloud privé massif permet à Walmart d’absorber les pics de charge (comme les promotions saisonnières) sur ses propres serveurs, en gardant la main sur les performances. De plus, Walmart a pu optimiser ses opérations IT à grande échelle : par exemple, ce qui prenait 30 jours auparavant pour mettre à jour OpenStack (une opération lourde) ne prend plus que 48 heures grâce aux outils d’automatisation que leurs ingénieurs ont développés. Ils ont conçu un système de mise à jour « sans interruption » qui leur permet même de sauter des versions d’OpenStack pour gagner du temps. L’infrastructure est devenue plus fiable et auto-réparatrice : Walmart a codé des systèmes qui surveillent en continu l’état des composants OpenStack et remédient aux pannes automatiquement, ainsi que des scripts qui isolent proactivement les machines défaillantes avant qu’elles ne causent des interruptions. En résumé, l’adoption massive de logiciels libres (OpenStack, Kubernetes, etc.) a permis à ce géant du retail de réaliser des économies substantielles, de gagner en indépendance vis-à-vis des fournisseurs, et d’atteindre une vélocité technique impressionnante – tout en prouvant qu’une infrastructure open source peut soutenir l’une des opérations informatiques les plus exigeantes de la planète.

Défis rencontrés et solutions : La transition vers un cloud open source à cette échelle n’a pas été sans difficultés. Initialement, les mises à niveau d’OpenStack étaient laborieuses et risquées, nécessitant de nombreuses heures-hommes et une coordination intense entre équipes. Walmart a surmonté ce défi en investissant dans l’automatisation : à partir de 2018, ils ont développé un processus de mise à jour automatisé et sans état pour OpenStack, éliminant les migrations manuelles et les interruptions de service. Ainsi, ils mettent à jour plus d’un million de cœurs de calcul chaque année en quelques jours seulement, là où cela prenait un mois auparavant. Un autre défi a été d’orchestrer un environnement multi-cloud complexe (OpenStack privé + Azure + Google Cloud) de manière transparente pour les développeurs. Là encore, la solution a été logicielle : Walmart a créé une couche d’abstraction commune qui masque les différences entre AWS/Azure/Google et leur cloud interne, offrant une interface unifiée à leurs équipes de développement. Ce faisant, les applications internes sont devenues « agnostiques » vis-à-vis de l’endroit où elles tournent : on peut déployer indifféremment sur OpenStack ou sur un cloud public, suivant le coût ou la performance recherchée. Pour atteindre ce niveau, Walmart a dû développer en interne de nombreux outils open source et obtenir la coopération de partenaires technologiques. Kevin Evans note qu’initialement, certains fournisseurs ne permettaient pas autant de flexibilité, mais que Walmart a « exercé un peu de pression » pour faire accepter, par exemple, que Microsoft et Google laissent tourner certains de leurs logiciels sur n’importe quel cloud. Le poids de Walmart a fait bouger les lignes, et aujourd’hui chacun reconnaît que « la valeur est dans le logiciel, pas forcément dans l’infrastructure où il tourne ». Enfin, mentionnons la culture interne : Walmart a dû convaincre en interne que « non, OpenStack n’est pas mort » et qu’au contraire il propulse leur innovation. Les résultats tangibles (coûts en baisse, déploiements plus rapides que jamais) ont largement fini de rallier les sceptiques. L’entreprise contribue d’ailleurs activement à la communauté OpenStack, partageant son expérience. En surmontant ces défis, Walmart a prouvé qu’avec du logiciel libre et une expertise interne, même une TGE peut rivaliser avec les plus grands fournisseurs commerciaux.

Similitudes et différences selon la taille et le secteur

Ces trois histoires – une micro-entreprise de commerce en ligne, une PME de services mécaniques et une multinationale du retail – démontrent que les logiciels libres peuvent apporter des avantages à tous les niveaux, mais avec des approches et enjeux distincts.

Points communs : Dans chaque cas, l’adoption de solutions FOSS a été motivée par des besoins de réduction des coûts, d’efficacité opérationnelle et d’indépendance technologique. StepEarly voulait éviter les coûts et limitations de logiciels propriétaires en phase de démarrage, Van Dyk Trucks cherchait à éliminer les inefficacités d’outils dispersés, et Walmart visait à s’affranchir des tarifs et du verrouillage des clouds publics. Toutes ont constaté des bénéfices concrets : meilleure productivité (moins de tâches manuelles, plus d’automatisation), meilleure visibilité sur leurs activités (grâce à l’intégration des données), et souvent une amélioration du service aux clients (moins d’erreurs de commande chez StepEarly, délais de réparation réduits chez Van Dyk, déploiements plus rapides de nouvelles fonctionnalités chez Walmart). Un autre dénominateur commun est l’importance de la communauté et des partenaires : aucune de ces entreprises n’a réinventé la roue seule. StepEarly et Van Dyk se sont appuyées sur des intégrateurs/partenaires experts d’ERPNext pour implémenter la solution sur mesure, preuve qu’un écosystème de prestataires s’est développé autour des logiciels libres pour aider les petites structures. Walmart, de son côté, a pu compter sur la communauté OpenStack/Kubernetes et même influencer ses fournisseurs, montrant la force du nombre lorsqu’une entreprise adopte et contribue à un projet open source majeur. Enfin, chaque entreprise a dû surmonter des défis d’adoption – qu’ils soient techniques (migration de données, montée en charge) ou humains (changement des pratiques, formation) – et les a relevés grâce à la flexibilité du libre (possibilité d’adapter l’outil) et à un investissement dans les compétences (former son équipe ou s’entourer de spécialistes). Ces exemples confirment l’affirmation d’un rapport McKinsey selon laquelle « l’adoption de l’open source est un facteur de différenciation majeur des organisations les plus performantes ».

Différences selon la taille : Bien entendu, les enjeux ne sont pas identiques pour une TPE et pour un géant mondial. L’échelle du projet d’abord : StepEarly a déployé un ERP en quelques semaines pour quelques utilisateurs, quand Walmart gère plus d’un million de cœurs de calcul et des milliers d’utilisateurs internes sur sa plateforme – les compétences et l’infrastructure mobilisées sont sans commune mesure. De plus, les objectifs précis divergeaient : la TPE cherchait avant tout à structurer ses processus de base (ventes, suivi clients) et à paraître “grande” aux yeux de ses clients grâce à un outil pro, alors que la TGE voulait optimiser une architecture IT déjà extrêmement sophistiquée et réduire des coûts à huit chiffres. La dépendance vis-à-vis d’un fournisseur était critique pour Walmart (ne pas dépendre d’AWS qui est aussi un concurrent commercial), ce qui n’était pas un facteur pour StepEarly ou Van Dyk (elles fuyaient plutôt des solutions inadaptées ou trop chères, mais pas un concurrent direct). En termes de ressources, une très grande entreprise peut se permettre de développer en interne des outils open source additionnels, de contribuer au code, et même de pousser l’industrie dans son sens (Walmart a imposé certaines conditions à Microsoft/Google), alors qu’une petite entreprise devra souvent accepter l’outil tel quel ou compter sur la communauté pour les améliorations. Par exemple, StepEarly n’aurait pas pu coder seule une fonctionnalité entière d’ERP, elle a utilisé ce qui existait en l’intégrant astucieusement (mais rien ne l’empêche de sponsoriser un développement ultérieurement, c’est l’avantage du libre).

Différences selon le secteur : Le domaine d’activité influe sur les priorités. Dans le e-commerce (StepEarly), l’accent était mis sur la gestion commerciale – leads, commandes, intégration web – pour soutenir la croissance des ventes en ligne. Dans les services de réparation (Van Dyk), l’attention portait sur la gestion d’atelier, les stocks de pièces et la facturation précise des interventions. Chaque secteur a bénéficié du libre différemment : StepEarly a amélioré son expérience client (emails de confirmation automatiques, suivi des commandes en temps réel) pour se démarquer sur un marché concurrentielfrappe.iofrappe.io, tandis que Van Dyk a amélioré sa rentabilité opérationnelle (réduction des tâches non facturables, moins de pièces perdues, meilleure utilisation du temps des mécaniciens)frappe.iofrappe.io. Du côté de la distribution de masse (Walmart), le logiciel libre a servi un objectif de performance et de robustesse de l’infrastructure IT, invisible du client final mais cruciale pour assurer que les magasins et le site web fonctionnent sans interruption pendant les pics d’achats. Là où les deux premières entreprises ont adopté un logiciel libre vertical (un ERP/CRM adapté à leur métier), Walmart a plutôt adopté des logiciels libres d’infrastructure horizontaux (cloud, conteneurs) qu’elle a intégrés dans un ensemble propriétaire. Enfin, notons que dans le retail, Walmart a pu mutualiser ses efforts open source avec d’autres (OpenStack est utilisé par d’autres géants du commerce), alors que StepEarly dans le meuble en ligne ou Van Dyk dans la mécanique camions étaient pionniers dans leur niche à implémenter un ERP libre – un choix payant, mais qui demandait une certaine audace pour leur taille.

Enjeux spécifiques : Pour la TPE StepEarly, le risque principal était de bien réussir la transition numérique dès le départ afin de soutenir la croissance. L’histoire montre qu’en investissant tôt dans un outil libre, elle a pu structurer son activité et éviter les chaos que connaissent certaines jeunes pousses en hypercroissance (commandes mal gérées, SAV débordé, etc.). Pour la PME Van Dyk, l’enjeu était de moderniser un business existant sans perturber le service client : là encore, le libre a offert une transition en douceur, modulable (ils ont pu paramétrer l’ERPNext progressivement selon leurs workflows). Pour la TGE Walmart, l’enjeu était carrément stratégique vis-à-vis de concurrents et de fournisseurs : choisir le libre, c’était s’armer pour la bataille de la maîtrise des coûts et de l’innovation à grande échelle. On voit ainsi que le FOSS est suffisamment polyvalent pour répondre à des enjeux très variés, de la simple facturation d’une petite boîte jusqu’au déploiement global d’une infrastructure cloud.

Conclusion : Le libre, un atout transversal pour compétitivité et autonomie

Ces trois cas d’entreprise – bien que très différents par leur taille et leur secteur – illustrent tous la puissance transformante des logiciels libres. Qu’il s’agisse d’une micro-entreprise de Québec ou d’un leader mondial, le FOSS a permis de gagner en compétitivité : diminution des coûts logiciels, amélioration des processus internes, et in fine meilleure proposition de valeur pour les clients. Pour StepEarly, cela s’est traduit par une croissance facilitée et une confiance accrue de la clientèle grâce à un back-office performant. Pour Van Dyk Trucks, par une exploitation optimisée et des erreurs éliminées, gages de productivité et de profitabilité. Pour Walmart, par une marge renforcée et une capacité d’innovation technologique plus rapide que jamais, lui donnant un avantage concurrentiel face à Amazon et consorts.

Au-delà des bénéfices, ces histoires soulignent aussi que l’adoption du libre est un investissement stratégique. Il ne suffit pas d’installer un logiciel open source pour réussir : il faut l’accompagner du changement organisationnel (former les équipes, repenser les processus) et parfois technique (développement de fonctionnalités spécifiques, intégration avec l’existant). Les TPE/PME gagneront à s’appuyer sur l’écosystème (intégrateurs, communautés d’entraide) pour franchir le cap, tandis que les grandes entreprises pourront souvent contribuer activement aux projets open source qu’elles utilisent, faisant avancer l’état de l’art tout en satisfaisant leurs besoins.

En comparant les tailles, on constate que le logiciel libre agit comme un égalisateur : il donne aux plus petites structures accès à des outils de classe mondiale (un ERP complet, une suite bureautique, etc.) sans coûts prohibitifs, et il donne aux plus grandes la liberté de ne pas se soumettre aux diktats de fournisseurs uniques. Dans un cas comme dans l’autre, le résultat est une plus grande souveraineté numérique de l’entreprise – un point particulièrement pertinent au Québec et au Canada où les acteurs locaux cherchent à innover sans dépendre entièrement des géants étrangers. D’ailleurs, un rapport commandé par Québec évalue à plus de 265 millions $ les économies potentielles si les organisations adoptaient davantage de logiciels librestvanouvelles.ca.

En conclusion, la période 2020–2022 a démontré que les logiciels libres sont un catalyseur de succès pour les entreprises de toute envergure. Des startups aux multinationales, celles qui ont osé le libre en retirent aujourd’hui des avantages concrets : flexibilité, économies, rapidité et fiabilité accrues. Chaque entreprise doit naturellement adapter la démarche open source à sa réalité (ressources humaines, objectifs métiers), mais ces exemples inspirants – locaux et internationaux – montrent que le jeu en vaut la chandelle. Le libre s’inscrit non seulement comme une alternative viable, mais souvent comme un choix stratégique gagnant pour bâtir des entreprises plus agiles, plus indépendantes et tournées vers l’avenir.


Sources : 

  • Expérience de StepEarly avec ERPNext, étude de cas Frappe (2021)frappe.iofrappe.iofrappe.io
  • Implémentation d’ERPNext chez Van Dyk Trucks, étude de cas Frappe (2021)frappe.iofrappe.io
  • Stratégie cloud open source de Walmart, TechTarget (2022); OpenInfra Summit (2025)
  • « Adopter le logiciel libre, un facteur de compétitivité », McKinsey via Opensource.com (2021)
  • Économies potentielles liées aux logiciels libres au Québec (étude, 2021)tvanouvelles.ca
Cloud Act, Patriot Act et ingérences étrangères
Enjeux pour la souveraineté numérique au Québec et au Canada